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Lettre à la République – KERY JAMES

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28.02.2012 |   eplume.wordpress.com

Lettre à la République –  KERY JAMES

A tous ces racistes à la tolérance hypocrite

Qui ont bâti leur nation sur le sang

Maintenant s’érigent en donneurs de leçons

Pilleurs de richesses, tueurs d’africains,

Colonisateurs, tortionnaires d’algériens

Ce passé colonial, c’est le votre

C’est vous qui avez choisi de lier votre histoire à la notre

Maintenant vous devez assumer

L’odeur du sang vous poursuit même si vous vous parfumez

Nous les arabes et les noirs, On n’est pas là par hasard

Tout arrivé à son départ …

Vous avez souhaité l’immigration

Grace à elle vous vous êtes gavés jusqu’à l’indigestion

Je crois que le France n’a jamais fait la charité

Les immigrés ce n’est que la main d’œuvre bon marché

Gardez pour vous votre illusion républicaine

De la douce France bafouée par l’immigration africaine

Demandez aux tirailleurs sénégalais et aux harkis

Qui a profité de qui ?

La république n’est innocente que dans vos songes

Et vous n’avez les mains blanches que dans vos mensonges

Nous les arabes et les noirs, On n’est pas là par hasard

Tout arrivé à son départ …

Mais pensiez-vous qu’avec le temps

Les négros muteraient et finiraient par devenir blancs

Mais la nature humaine a balayé vos projets

On ne s’intègre pas dans le rejet

On ne s’intègre pas dans les ghettos français

Parqués, entre immigrés, faut être sensé,

Comment pointer du doigt le repli communautaire

Que vous avez initié depuis les bidonvilles de Nanterre

Pyromanes hypocrites

Votre mémoire est sélective

Vous n’êtes pas venus en paix

Votre histoire est agressive

Ici, on est mieux que là-bas, on le sait,

Parce que décoloniser, pour vous, c’est déstabiliser

Et plus j’observe l’histoire ben moins je me sens redevable

Je sais ce que c’est d’être noir depuis l’époque du cartable

Bien que j’n'sois pas ingrat je n’ai pas envie de vous dire merci

Parce qu’au fond, ce que j’ai, ici, je l’ai conquis,

J’ai grandi à Orly dans les favellas de France

J’ai fleuri dans les maquis

Je suis en guerre depuis mon enfance

Narco trafic, braquages, violence, crimes

Que font mes frères si ce n’est

Des sous comme dans Clearstream

Qui peut leur faire la leçon, vous ?

Abuseurs de biens sociaux, détourneurs de fond

De vrais voyous en costard, bandes d’hypocrites

Est-ce que les français ont les dirigeants qu’ils méritent

Au cœur des débats, des débats sans cœur

Toujours les mêmes qu’on pointe du doigt

Dans votre France des rancœurs

En pleine crise économique il faut un coupable

Et c’est en direction des musulmans que tous vos coups partent

Je n’ai pas peur de l’écrire

La France est islamophobe

D’ailleurs plus personne ne se cache

Dans la France des xénophobes

Vous nous traitez comme des moins que rien

Sur vos chaines publiques

Et vous attendez de nous

Qu’on s’écrie « Vive la République »

Mon respect s’fait violer au pays dit des droits de l’Homme

Difficile de se sentir français

Sans le syndrome de Stockholm

Parce que moi je suis noir, musulman, banlieusard et fier de l’être

Quand tu me vois

Tu mets un visage sur ce que l’autre France déteste

Ce sont les mêmes hypocrites

Qui nous parlent de diversité

Qui expriment leur racisme sous couvert de laïcité

Rêvent d’un français unique

Avec une seule identité

S’acharnent à discriminer

Les mêmes minorités

Face aux mêmes électeurs

Les mêmes peurs sont agitées

On oppose les communautés

Pour cacher la précarité

Que personne ne s’étonne

Si demain ça finit par péter

Comment aimer un pays

Qui refuse de nous respecter

Loin des artistes transparents

J’écris ce texte comme un miroir

Que la France se regarde

Si elle veut s’y voir

Elle verra s’envoler

L’illusion qu’elle se fait d’elle-même

Je ne suis pas en manque d’affection

Comprend que je n’attends plus qu’elle m’aime



Islamistes light et la laïcité !!

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27.02.2012 | Dr Zouhair Lahna   |    eplume.wordpress.com  

Les ‘’ révolutions arabes ‘’ ont été conçus pour porter des valeurs dites universelles type liberté, justice, démocratie et droits de l’homme, et pour finir, les urnes ont enfanté les islamistes. Il y a de quoi donner l’urticaire à tous ceux qui se disent laïques et qui ont été depuis  2008 formés au cyber activisme.

Mais les islamistes bien que light n’ont pas eu tout le pouvoir. Ils ont eu au Maroc et en Tunisie une sorte de direction et donc de responsabilité et une opposition aussi bien dans leurs gouvernements que dans les médias et ‘’société civile’’ hostiles.  Certes ils ne pouvaient pas réclamer plus de pouvoir parce qu’ils ne l’ont pas eu par une révolution au nom de ‘’La ilaha illa Allah’’ profession de foi musulmane qui retire tous les autres directives afin de mettre les directives divines à leur place. Mais bel et bien après des élections démocratiques dans lesquelles  le peuple qui a voté, a choisi ceux qui lui ont paru les plus pratiquants, mais seulement  à 25% au Maroc et 40% en Tunisie. Si on souhaite  faire parler ces chiffres à l’envers, les marocains ne souhaitent pas être gouvernés par l’Islam à 75% et les tunisiens à 60%. Ou du moins ceux qui ont votés.

Les islamistes savent très bien que la première gouvernance du Prophète (PSL) n’a été faite que dans la condition que la majorité souhaitait être gouvernée par l’Islam, à Médine. Ils connaissent très bien l’expérience de Necmettin Erbekan en Turquie en 1996 qui a dû céder et perdre pas mal de plumes afin de se faire accepter, et par l’armée laïque et l’état sioniste.

La politique des étapes ou du Soft Power !!

Dans le disque dur de certains islamistes, il y a une maxime qu’on répète sans se lasser afin de justifier certaines décisions et un certain opportunisme social ou politique : « La bonne chose est pour le croyant (musulman), là où il la trouve il peut l’utiliser !! » Et si en Egypte, la jeunesse des frères musulmans a investi la place Attahrir, en Libye ils ont offert de la chair à canon face aux soldats de Kadhafi ; en Tunisie et au Maroc, la récolte a été plutôt facile.

Les craintes de ceux qui se disent laïques et qui veulent une gouvernance comme leurs maîtres à penser impérialistes  peuvent être compréhensives. Les cybers activistes  sont invités comme les partis politiques  représentants une certaine élite (gros moyens et peu d’électeurs) ont été invités par leurs bienfaiteurs à maintenir la pression et à rappeler aux islamistes les notions  désormais sacrées de démocratie et libertés individuelles. Ils verront que les instigateurs des révoltes qui leur ont donné paroles et subventions,  feront en sorte que les islamistes ‘’ démocrates’’  serviront la laïcité ou sa forme soft qui est  la sécularisation.

Autrement dit, les pays restent musulmans de nom comme l’Italie ou l’Espagne sont catholiques actuellement. Sorte de coquille vide ou les fêtes religieuses ne sont plus que des rendez-vous de consommation et d’endettement. Il n’y a qu’à voir ce qui se passe à Noël d’un côté et pendant l’Aïd Al Adha de l’autre.

C’est un jeu très subtil, digne des descendants de Machiavel. La démocratie permettant l’accès au ‘’pouvoir’’ tant convoité par les islamistes light, ils se sont mis à la défendre et à mettre en avant les principes de liberté et de libre choix des peuples.

Au fait c’est quoi au juste la démocratie ? C’est le pouvoir au peuple. Et une gouvernance choisie par un peuple informé !! Il va sans dire que le peuple en question est globalement d’accord sur les plates-formes idéologiques qui l’unissent. Ceci n’est pas le cas actuellement dans les pays arabes puisque des lignes de failles séparent une certaine élite transculturée, les islamistes et la population qui est fondamentalement musulmane.

Les musulmans ne sont musulmans que parce qu’ils croient dans une religion qui a des sources. Ces sources sont le Coran, la Sunna (faits et dires du prophète) et ensuite certaines recherches et courants de pensées.  Les premiers étant admis, en principe, par tout le monde.

Les islamistes qui connaissent un peu mieux le Coran que ceux qui ne le lisent pas savent très bien que dans sourate Al-Maida (la Table) il a été répété par trois fois des injonctions à ceux qui acceptent une gouvernance autre que celle de Dieu. Mais on les voit se précipiter dans les bureaux ministériels sans avoir les moyens ni la garantie d’appliquer une politique en phase avec les principes de l’Islam dont ils revendiquent les sources. La gestion des états arabes dits musulmans ne se fait nullement par des principes tirés à 100% de l’Islam, ils ne prennent que ce qui les arrangent et ils vont par la bénédiction des islamistes light faire un peu d’Ijtihad afin de passer des pilules à une population analphabète religieusement.

En Off, ils disent qu’il faut faire la politique par étapes et ce qu’on ne peut prendre en entier, on ne le laisse pas en entier !! Ne savent-ils pas que la politique des étapes est utilisée justement et depuis longtemps par les manipulateurs impérialistes de la Oumma.  Ne lisent-ils pas l’histoire des peuples et leur propre histoire.  Ceci amène à poser les questions de suffisance ou celle de la médiocrité ou les deux à la fois!!

Après les islamistes en barbe taillés et en costume cravate, ce sont une frange des Salafistes de participer à la démocratie ou du moins de chanter ses louanges. Une participation aux élections en Egypte avec création d’un parti politique et de bonnes paroles de la part de certaines figures au Maroc comme Fizazi (pressenti également à créer un parti) et même des nouveaux relaxés Kettani et Abou Hafs qui disent que leurs libération est due au vent de liberté amené  par le printemps arabe !!! Et Dieu dans tout ça ?

Droit Divin et Droits de l’Homme !!

Dans les dialectiques qui se sont engagés à la suite de ces révoltes, on assiste à des personnes qui se réclament musulmans et qui ne jurent que par les droits de l’homme et la justice selon les canons de pensées dominants occidentaux, d’inspirations chrétiennes. Comme si le Coran n’offrait aucune alternative au despotisme et aux injustices qui sont vécus au quotidien dans les pays dits arabes.

Cette lecture biaisée ou non lecture ne peut être corrigée que par une recherche dans le texte.  Et le droit divin est présent dans les pages du Coran,  organisant ainsi les rapports entre le créateur et sa créature, entre les individus et même entre l’homme et les éléments.

Par contre quand on  n’est pas croyant, il est normal que le Coran et même Dieu ne puissent rien apporter à la société et qu’il faille chercher ailleurs d’autres alternatives. Il aura été alors plus opportun de chercher des solutions en puisant dans le patrimoine existant, pas d’importer des concepts concoctés sous d’autres cieux et  vouloir les imposer à leurs sociétés. Les dix-neuvièmes et vingtièmes siècles des idéologies athées sont  pleins d’exemples macabres et désolants allant des goulags en Sibérie, jusqu’aux purges des khmers rouges, les deux guerres mondiales et les ‘’folies’’ de Napoléon et Hitler !!  Sans parler des guerres coloniales dites‘’civilisatrices’’ et destructrices des identités des peuples.

Et si des injustices sont commises au nom de l’Islam, ce n’est pas l’Islam. Si on utilise la religion pour pervertir la population, la faute incombe bien évidement à ceux qui manipulent la religion et à ceux qui les laissent faire, notamment les Oulémas, les élites et les « éduqués ».

Les droits de l’homme, concept en décrépitude en Occident prend toute sa place parmi une ‘’élite’’ laïque ou carrément athée de ‘’culture musulmane’’ et ainsi privée d’imagination à cause des reliquats du colonialisme et une certaine aliénation de la pensée. Si les hommes et les femmes prennent un peu de temps pour lire le Coran et essayer de le comprendre, ils verront que le droit divin qui régit tous les rapports entre lui et les créatures d’une part et les créatures les unes avec les autres d’autre part, englobe tous les beaux principes des droits de l’homme et sans hypocrisie, qui souvent accompagne les prises de position sectaires et orientés selon  l’agenda des marionnettistes de l’empire.

Les peuples arabes et ses élites désormais manipulés par Al Jazeera  et le petit émirat qui souhaite jouer un rôle plus important que sa taille, n’ont aucune possibilité de lire l’histoire ni de se projeter dans le futur. La mémoire courte, ont-ils oubliés que les luttes pour l’indépendance menée sous la bannière d’Allah Akbar ont été récupérées par des régimes socialistes à la limite de l’athéisme, ou des gouvernants capitalistes et souvent hypocrites. Ces régimes n’ont mené leurs peuples que vers les faillites morales, économiques et sociétales.  L’octroi d’une parcelle de pouvoir ‘’miné’’ aux forces islamistes light en Tunisie, Egypte, Maroc (gratuitement) et demain la Libye n’a été accepté que pour les compromettre et ensuite les discréditer, prélude à une phase avancée de la sécularisation de la population.

Il faut être aveugle pour ne pas voir un guet-apens et simple d’esprit pour penser qu’on peut réaliser des changements avec un pouvoir sectorisé et sous tutelle et une population défiante et ignorante des fondements de  la profession de foi …. Sans armée ni argent, et une folklorisation de l’Islam, on ne peut ‘’gouverner’’ que dans le sens du courant !!!

Le jugement de l’histoire est souvent sévère. Celui qui  ne possède pas  la lucidité nécessaire  pour  penser exercer un pouvoir sans en détenir les clefs, ne peut que sombrer dans la compromission voir la médiocrité.

Et le jugement divin est encore plus rude pour les islamistes en principe croyant au dernier jour. En amenant leurs peuples vers plus de dépravation et moins d’autonomie, il leur sera difficile d’utiliser leur autre argument tiré d’un Hadith, qu’ils ont essayé et qu’ils ont échoué et puis il auront une seule récompense au lieu de deux. Ils doivent faire attention ….Il ne peut y avoir de ruse avec le Seigneur…


Dr Zouhair Lahna
Médecin, Acteur associatif. 

Ancien Chef de Clinique des Universités, Paris VII & Ancien Vice-Président d’Aide Médicale Internationale


Le Mouvement du 20 Février, ses ennemis et la nouvelle coalition gouvernementale

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28.02.2012 | Mohamed  Larbi Ben Othmane  |  eplume.wordpress.com

 

 La Tradition enseigne qu’avoir des ennemis n’est pas fatalement  négatif. Les ennemis peuvent être motivés par l’ignorance, la crainte, l’envie ou  on ne sait quelle autre peur ou méfiance. Le Mouvement du 20 n’échappe pas à la règle. Ses ennemis craignent  sa réussite et sa mobilisation qui risque de les secouer. Plus, ils ont raison de le craindre car il a prouvé qu’il n’est pas marginal et va durer longtemps. Depuis son avènement, le Mouvement  n’a pas en effet que des amis, bien que ces amis soient nombreux et se multiplient de jour en jour. Le Mouvement n’est pas né pour disparaître  sans laisser de traces. L’avenir est dans ses gènes. Le changement  qui le stimule en est le déterminant.

  Ces ennemis sont de toutes sortes. Et il serait forcément fastidieux d’en  recenser le nombre et les catégories. Parmi eux, les conservateurs et les tenants du statu quo politique, ceux qui ne visent qu’ une place personnelle à l’ombre du pouvoir, les carriéristes qui ne demandent qu’à vendre leurs âmes au plus offrant, les enclins à l’obéissance dans l’espoir d’être à leur tour obéis  un jour, ceux que leur liberté individuelle ne peut mener à la satisfaction de leurs ambitions, ceux qui adhèrent aux partis politiques parce qu’ils considèrent que ce sont des bureaux de placement ou des ascenseurs, ceux qui par zèle ou par perversité jouissent lorsqu’ils broient  ceux qui leur tombent entre les mains, ceux qui ont reçu pour mission de faire échouer le Mouvement…Cela fait beaucoup d’ennemis.

Pire, depuis l’avènement du Mouvement du20F, ils ont l’air hargneux et ne semblent pas voir venir les vents irrésistibles du changement pourtant annoncé. Ils persistent à croire que le Maroc est une exception face aux perturbations qui secouent le monde. Pourtant, l’ensemble du monde en  est aujourd’hui affecté. On ne peut plus être aujourd’hui perméable à l’Orient et à l’Occident uniquement  quand on mime leur style de consommation,  leurs modes et leurs modèles et être une exception quand même leurs peuples s’indignent et se révoltent. La perméabilité n’est pas à ce point sélective.La Tunisieest une nation trop proche  pour nous laisser indifférents, l’Egypte vit dans nos murs au quotidien à travers les médias,la Libyeprouve que ceux que l’on considérait à tort comme les derniers de la classe ont pu  s’émanciper,la Syrie  perçue comme le système le plus verrouillé est en train de tomber, le Yémen  a rejeté ses anachronismes…Combien faut-il d’autres exemples de sursaut, de revendications, de liberté, de dignité, de souveraineté populaire et de démocratie véritable pour que ces réfractaires au changement se rendent compte que le Mouvement marocain du20Fà l’instar des autres mouvements n’est pas passager et qu’il ne fait ici que commencer. Les révoltes  de ces pays donnent  l’exemple, comme d’autres l’avaient  fourni  autrement aux heures des Indépendances. Le Maroc à l’époque avait pris le train en marche.

Ceux qui se cachent derrière leurs petits doigts en essayant de se convaincre que le peuple ici est hors du temps, feignent de se convaincre qu’ils ne voient pas  ce qui se passe à travers le monde. Que le Maroc n’est pas concerné.  En fait, ils s’en  rendent  bien compte, mais ils sont soit quasiment tétanisés ou encore pire, ils croient que la branche pourrie à laquelle ils s’accrochent va tenir contre vents et marées. La dite réforme de la constitution octroyée  en est l’éclatante démonstration.

Aujourd’hui, à part les  paumés ou ceux limités par l’ignorance ou  l’indigence excusable, leur attachement au système makhzanien les regroupe  en deux  masses qui  se recoupent et se rejoignent.

Il y a ceux qui ne sont pas encore parvenus  mais qui savent qu’ils ne seraient jamais grand-chose en dehors de la bienveillance du système. Des sortes d’ambitions en attente. Les autres, déjà casés mais demeurent ambitieux   à la recherche du bon piston pour assouvir leurs aspirations personnelles. Eux aussi continuent de croire qu’ils n’y parviendraient pas sans se soumettre en permanence. La première catégorie en toute logique est destinée à  alimenter la seconde. C’est la loi du genre.

Les marocains ont coutume de dire, « lorsque le sens apparaît point besoin de répéter ». En effet, si le Mouvement du20Fobtient ce qu’il réclame, c’est-à-dire la démocratie et la gouvernance transparente, c’est tout le système makhzanien de gestion  des personnes et des biens qui sera remis en cause et appelé à s’écarter. Il est par conséquent normal que ce Mouvement soit combattu par ces individus et ces catégories. Il est normal, comme cela s’est passé ailleurs, qu’ils appellent  aussi à la défense du système en place et  sa légitimité.

Ce qui serait anormal, c’est qu’ils ne combattent  pas un Mouvement qui appelle au changement. Leur combat est cependant pathétique. Le monde entier leur en fournit tous les jours la démonstration.

En tout état de causes, tous les événements survenus au cours des derniers mois, la ridicule faillite des scénarios imaginés par les activistes politiques du Pouvoir pour concocter une majorité conduite par un homme de paille, la révision constitutionnelle, les élections législatives anticipées, sont  le fruit des mobilisations du 20Février. Ceux en dehors du Mouvement qui se les attribueraient, se trompent lourdement.

Le PJD, chef de file de la nouvelle coalition gouvernementale, doit en être convaincu. Sa survie politique, en tant que tel, dépend de cette conviction. Sa carte politique maîtresse, avec la nouvelle donne, est de savoir accompagner les revendications du Mouvement et les soutenir.

De tous les acteurs de la scène politique marocaine, son concurrent Al ADL est celui qui l’a parfaitement compris. Il en tire la  conclusion en décidant de retirer son appui au Mouvement  du20F. Ce faisant et en revenant à son rôle de « force tranquille » à l’affût du pourrissement du Système politique en place,  il pense enlever au PJD la possibilité de jouer cette carte maîtresse. Une carte qui  lui permettrait  de se prévaloir des revendications de la société civile et de la rue pour négocier certains  changements  et imposer de nouvelles politiques publiques. Car, pense-t-il, sans un20Ffort et exigeant, le niveau de l’intransigeance de la rue s’affaiblirait. Il ne resterait alors au PJD face au Pouvoir qu’à gérer la chose publique comme d’autres partis l’avaient fait avant lui. Le PJD deviendrait assez vite un parti  en perte de crédibilité et le Système politique continuerait comme auparavant. Au mieux, le PJD contribuerait à consolider à ses dépens le statu quo. Terrible façon pour Al ADL de faire de la politique et de préparer son avenir.

L’erreur pour le PJD serait donc à l’avenir de  faire du Mouvement du20Fun adversaire ou un ennemi ; surtout que cette erreur peut être évitée.  Surtout que nombre de ses militants et sympathisants ont été à l’avant-garde de la mobilisation févriériste et qu’ils ont milité en faveur dela Démocratieréelle et du véritable changement.

Le futur statut du PJD s’appréciera aux  yeux de l’opinion nationale à sa capacité à gérer cet enjeu. Il doit  orienter son navire dans le sens de l’Histoire et accompagner les revendications du Mouvement.  C’est son seul choix politique possible pour se donner la bonne marge de négociation avec le Pouvoir. C’est son unique solution pour obtenir les concessions nécessaires à la transparence et à la démocratisation de la gestion des grands dossiers dela Nation. Celaveut dire clairement que le PJD ne doit pas essayer d’instrumentaliser le Mouvement du 20 Février. Bien au contraire, il s’agit d’en faire un atout et un argument  pour exiger et tenter d’obtenir ces changements  qui  maintenant  sont  définitivement inscrits dans les revendications et les objectifs dela Nation. LePJD doit le savoir mieux que personne lui qui a été placé au pouvoir grâce au Mouvement.  Il doit savoir que ces objectifs se réaliseront  avec ou sans lui.



إيران والعرب: معركة واحدة ضد الاستعمار

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31.01.2011   |    عامر محسن     |    Al Akhbar


لا غرابة في أن تكون الحرب مصدر افتتان لأغلب الذّكور على مرّ التاريخ، فالحرب هي أقرب ما يملكه الرجل غير المثلي إلى فن الرقص. المعركة، في الحقيقة، تشبه رقصةً يشترك فيها آلاف الرجال، بتنسيق متناهٍ في الدقة، تجمعهم إرادة واحدة وقلبٌ واحد، وغريزة البقاء. في رواية ألكسندر بيك عن الحرب العالمية الثانية، «قصة الرعب والجرأة»، يقول بطل الرواية ــ وهو ضابطٌ في الجيش الأحمر ــ لمحدّثه: «إنّك تعرف فرحة الحب، وربما فرحة الإبداع. وقد تكون زوجتك قد شاطرتك فرحة الأمومة، لكن من لم يعرف فرحة النصر على العدو، فرحة البطولة في الحرب، لا يعرف الفرحة الكبرى».

كتب الأديب الأميركي الراحل نورمان مايلر، عشية غزو بوش للعراق، أنّ الذكر الأميركي الأبيض قد «أُخضعت» رجولته بعد حرب فييتنام. انتهى عهد التجنيد وعاد الرجل الأميركي الى منزله، ليكتشف أنّ حركة الحقوق المدنية قد ضربت أوتادها في المجتمع، وليجد أنّ الثقافة الجديدة تسلبه كلّ المعاني التقليدية لـ«الرجولة». صار الأميركي الأبيض «مجبراً» على مخاطبة مواطنه الأسود باحترام، والتلفزيون يقول له باستمرار إنّ عليه تقبّل المرأة نظيراً مساوياً له في المجتمع. تحوّلت الرياضة وأنديتها وحماستها، كتب مايلر، الى المجال الوحيد الذي يمارس فيه الأميركي «ذكورته» الحربية بحرية وانطلاق. ثم جاءت ادارة بوش الجمهورية وغزواتها في الشرق لتعطي الذكر الأبيض منفذاً جديداً يحيا عبره «رجولته»…

شروط المعركة

كقاعدة عامة في زمن القطب الواحد، أميركا لا تغزو بلداً وهو متماسكٌ متراصّ. في غياب انقساماتٍ داخلية يمكن استغلالها، أو فرقاء محليين يمكن تجنيدهم، تعتمد الاستراتيجية الأميركية دوماً على إضعاف العدو وإرهاقه قبل الدخول في مواجهة حربية: تضرب واشنطن حول الدولة المستهدفة حصاراً اقتصادياً لسنوات (أو لعقود)، وحصاراً تكنولوجياً وعسكرياً. فقط عندما يجري الاطمئنان الى أنّ البلد قد صار متخلفاً تقنياً وعسكرياً، وقد انهار الاقتصاد وخربت التنمية وكفر الناس بالنظام وايديولوجيته، عندئذٍ تبدأ المعركة. ايران تعيش هذا النوع من المواجهة مع واشنطن منذ الثورة الإسلامية في 1979. تشبه المعادلة بين ايران واميركا الى حد ما المعادلة القائمة بين المقاومة اللبنانية واسرائيل: اذا تمكّنت اميركا من ضرب ايران بكلفة مقبولة في العام القادم، فهي ستفعل، ولو لاحت لها الفرصة في العام الحالي، فهي لن تنتظر، ولو أتيحت لها الإمكانية نفسها السنة الماضية، لكانت الحرب قد نشبت وانتهت.

تحاصر الولايات المتحدة ايران بحزمة من العقوبات لم يُفرض ما يشابهها على عراق التسعينات. القرار الأميركي الذي وقّعه اوباما قبيل انتهاء العام الماضي، قلما عرفت العلاقات الدولية مثيلاً له، إذ إنّه ــ عملياً ــ يخيّر جميع دول العالم وشركاته بين التعامل مع المصرف المركزي الإيراني أو التعامل المالي مع أميركا. في الوقت نفسه، تخوض أميركا واسرائيل حرباً فعلية منخفضة الحدّة ضد ايران: تفجيرات في المنشآت العسكرية والصناعية، اغتيالات متواصلة لعلماء ومهندسين، اختراق يومي للأجواء الإيرانية بطائرات التجسس، وتهديدات صريحة بالحرب.

لو أنّ رفسنجاني وخاتمي كانا قد تمكنا من أخذ رؤيتهما الاقتصادية، الليبرالية والتخصيصية والمبهورة بنظريات البنك الدولي، إلى مداها الأقصى، لكان الشعب الايراني يتضور جوعاً اليوم، ولما كانت ايران قادرة على بناء معمل طاقة أو اكمال مشروع غاز أو إبقاء طائرة في الجو ــ مدنية كانت أم عسكرية. ظروف معركة ايران تجعل من كل شيء في البلد جزءاً من المواجهة الدائرة: السياسة الاقتصادية، السياسة الصناعية، استهلاك الوقود… (الوضع في لبنان مشابه، لكن لبنان الرسمي والثقافي، ببساطة، اختار أن يتجاهل هذا الواقع).

تعيش إيران على وقع تلك «الحرب الشاملة» منذ الثمانينات، وقد بنى لها مير حسين موسوي وخلفاؤه، خلال الحرب مع العراق، اقتصاداً من نمط خاص، شكّلته التجربة القاسية، ليتعايش مع أسوأ الظروف وأقسى العقوبات. تخيّلوا كم من الصعب أن يجد بلدٌ ما نفسه، اليوم، في مواجهة مع الولايات المتحدة وإرادتها الإمبراطورية. اسألوا كوبا والمكسيك والعراق: لكأنّما الشمس لا تشرق على الوطن المغضوب عليه! تخيّلوا الآن أنّ ايران، في زمن القطبين والحرب الباردة، كانت قد وجدت نفسها مجبرة على القتال ثماني سنوات ضدّ إرادة الأميركيين والسوفيات في آن واحد.

سياسة ايران الدفاعية مستمدّةٌ أيضاً من أتون الحرب والتجربة، لا من النظريات الأكاديمية والمستشارين الأجانب. ايران، مثلاً، قررت منذ أكثر من عقدين ألا تنفق قرشاً واحداً على توسيع سلاح طيرانها. عقدت ايران مع روسيا صفقة متوسطة الحجم، في أوائل التسعينات، لشراء «ميغ ــ 29»، ثم اكتفت بصيانة واطالة أمد اسطولها الأميركي القديم ــ الذي يفوق عمر طائراته عمر أغلب قرّاء هذا المقال.

التعليل بسيط: الإيرانيون يفهمون أنّ أيّ مواجهة مع قوة غربية ستبدأ بتدمير الطيران الإيراني على آخره، في الساعات الأولى للحرب، وهذا، بالذات، هو نوع المعركة التي تستعد لها ايران. بناء قوة جوية على مستوى الطيران الأميركي كفيلٌ بإفلاس خمس دول بحجم ايران ــ ولا يظنّن أحد أنّ المواجهة بين اميركا والجمهورية الإسلامية هي موقعةٌ بين متكافئين، إذ يصوّر بعض الاعلام العربي ايران على أنّها «إمبراطورية» تنافس اميركا ــ دخل ايران القومي برمته يقل عن حجم اقتصاد ولاية اميركية متوسطة الحجم. وأقصى ما تريده ايران من أميركا (على مدى العقود الماضية) هو أن «تتركها في حالها»، فيما استراتيجية الغرب مع ايران هجومية، وترمي الى قلب نظام الجمهورية الاسلامية أو خنقه قدر الإمكان، وحرمانه فرصة التنمية، اذا تعذر التغيير بالقوة المباشرة.

«الحرب اللامتكافئة»


بدلاً من الاستثمار في سلاح الجو الباهظ التكلفة، اختار الإيرانيون أن يركزوا أموالهم وأبحاثهم على وسائط أخرى، كبناء الصواريخ وإتقان صنعها. الصواريخ، منذ الحرب العالمية الثانية، تصلح سلاحاً للطرف الفقير أمام خصم غني بالموارد. الصاروخ هو، عملياً، وسيلة رخيصة وسهلة الاستعمال، لإيصال أطنان من المتفجرات الى عمق جبهة العدو ــ أي إنّه يستبدل الدور الهجومي للطائرة. تحسّنت تلك المعادلة باطراد مع تقدم التكنولوجيا، التي تجعل الصواريخ أكثر دقة مع مرور الزمن، فيما سعر الطائرات والوسائط المضادة في ارتفاع مستمر. على سبيل المثال، انتاج صواريخ شهاب ــ 3، يصبح عملية زهيدة الكلفة ما إن تُغرق الرأسمال التأسيسي اللازم لتعلّم التقنية وتنشئة الكوادر وبناء خطوط الإنتاج. في المقابل، صاروخ «آرو ــ 2» الذي تستخدمه اسرائيل للدفاع عن جبهتها ضد «شهاب» وما يماثله، يكلف أكثر من مليونين ونصف مليون من الدولارات للطلقة الواحدة. أما الحاوية الواحدة في بطارية «باتريوت باك ــ 3» (وهي تحمل أربعة صواريخ)، فتكلف 12 الى 15 مليون دولار. المنهج الأميركي يعتمد على اطلاق صاروخين على الأقل، لاعتراض كل هدف، وانتاج كل صاروخ شهاب اضافي قد يكلف مئات آلاف الدولارات، لا أكثر. هذا هو نوع المعادلات الذي يضعك في حالة أفضلية ضد الخصم، وهذا الأمر اكتشفه الصينيون قبل الإيرانيين، وهم كانوا من الرواد في استعمال الصواريخ البالستية لأهداف الحرب التقليدية، بعدما كان استخدامها من قبل القوى العظمى مقتصراً على إيصال الحمولات النووية والكيميائية.
في ايران، تجد مزيجاً غريباً من النسخ والتطوير والتعديل في معدّات الجيش وتكتيكاته. منذ أشهر، جربت ايران صاروخ أرض ــ سطح جديداً، مضاداً للسفن يصلح مثالاً لتوصيف الترسانة الإيرانية: السلاح هو في الحقيقة تطويرٌ وتعديلٌ لصاروخ أرض ــ أرض ايراني اسمه «توندار»، هو نفسه تعديلٌ لصاروخ أرض ــ جو صيني اسمه اس ــ 200، هو، بدوره، نتاج تحديث وتطوير صاروخ سام ــ 2 السوفياتي العتيق!

العديد من الخبرات الإيرانية انتقلت الى جنوب لبنان: شبكة الاتصالات التي أنشأها حزب الله قد تكون مستمدة من دروس حرب الثمانينات. اكتشف الإيرانيون والعراقيون سريعاً أنّ الاتصال اللاسلكي غير آمنٍ البتة على الخطوط الأمامية للجبهة، فصار المقاتلون يمدون خطوط هاتف سلكية تؤمن الاتصال في المواقع المتقدمة، متجنبة خطر التنصت والتشويش. لا بد من أنّ خبيراً ما في الحرس الثوري قد نظر يوماً الى الخريطة وانتبه الى أنّ مساحة لبنان بأكمله هي أصغر من قاطع على الجبهة الإيرانية ــ العراقية.
التشابه ذاته ينطبق على قتال المشاة ووسائل تصديهم للدروع الإسرائيلية. ايران تمكنت من الصمود في الحرب بفعل براعة وحدات المشاة لديها، لا بفضل «الموجات البشرية»، وهي خرافة كما يعرف كل من درس حرب ايران والعراق. ثبت فشل نموذج «الموجات البشرية» منذ الحرب الكونية الأولى، واختراع الرشاش والمدفعية السريعة الطلقات. ما حدث هو أنّ إيران خاضت أغلب سني المعركة في ظل نقص فادح في سلاح المدرعات. مواجهات الدبابات الكبرى تستنزف الدروع بالمئات، حتى في حالة النصر. وبعد سنة ونيف من الحرب، وجدت ايران أنّها غير قادرة على الاستمرار في زج دروعها في مواجهات هجومية ضخمة، إذ إنّ العراق يشتري الدبابات بالآلاف، فيما هي غير قادرة على استبدال دروعها التي تدمّر. كنتيجة لذلك، ألقى القادة الإيرانيون بعبء العمليات الهجومية على عاتق المشاة، ونُظمت وحدات الحرس الثوري لإتقان تلك المهمّات. «الموجات البشرية»، ولو بملايين الرجال، ليست قادرة على التسلل خلف مواقع العدو الأمامية بعشرات آلاف المقاتلين المقسمين الى وحدات مستقلة، ثم اختراق ثلاثة خطوط دفاعية عراقية، ثم عبور بحيرة، قبل مهاجمة العدو في الضفة الأخرى. هذا فعل وحدات مدرّبة من المشاة، مسلحة جيداً وتقاتل ببراعة، ومستعدة لتحمل أجسم الخسائر.

خرافة «الموجات البشرية» تشبه خرافة «مفاتيح الجنة» (التي يُزعم أنّ الملالي الإيرانيين كانوا يسلمونها للشباب الغر في الحرس الثوري، حتى يعلقوها في صدورهم قبل إطعامهم للجبهة). هناك مقال لباحث إيراني يتناول مذكرات الكتاب الإيرانيين في الغرب. لاحظ الباحث أنّ قصة «مفاتيح الجنة» تتكرر في كل كتاب ورواية، بلا استثناء تقريباً، من مرجان ساترابي الى آذار نفيسي، مع أنّنا لا نملك توثيقاً واحداً جدياً يشير الى هذا الموضوع، ولم يصلنا نموذج واحد من هذه المفاتيح البلاستيكية التي يُفترض أنّها وُزعت بالملايين.

إيران والعرب ونسيان التاريخ


بالمناسبة، هناك خللٌ حقيقي في خطابنا العربي عن ايران. تجد الإعلام الخليجي يتكلم مع ايران بمظلومية دائمة، كأنّما ايران تقهرنا وتدين لنا باعتذارات وتطمينات. هل نسي عرب الخليج التاريخ؟ هل نسينا أنّهم مولوا، منفردين، حرباً مريرة على ايران، كلفت مجتمعها أكثر من مليون قتيل، وكانت الحدث الأكثر مأسوية في تاريخها الحديث؟

يروي حنا الرزوقي في مذكراته (وهو كان من بناة المالية العامة في العراق منذ العهد الملكي حتى الثمانينات)، أنّه سافر، في السنة الأولى للحرب مع ايران، على رأس وفد بعثي رفيع ليطوف دول الخليج بغية جمع «التبرعات». كتب الرزوقي أنّه عاد بعد أيام إلى بغداد وفي حقيبته إيصالات بأكثر من عشرين مليار دولار للبنك المركزي العراقي ــ وهذا يوازي أكثر من ستين مليار دولار بمقاييس اليوم. لو وضعت مسدساً في رأس أمير سعودي فأنت لن تقنعه بأن يكتب شيكاً بستين مليار دولار لحلّ أزمة مصر التنموية مثلاً، لكن هذه الأموال بُذلت رخيصة في سبيل حرب إخوة مُفجعة لم يكن لها أي معنى على الإطلاق، كيفما نظرنا اليها، ولا يمكن أيّ انسان يملك عقلاً أو ضميراً أن يدافع عنها وعن نتائجها.

لغة العداء الدائم والتقسيمات العنصرية في المنطقة هي وصفةٌ أكيدة للانتحار، وهي أشبه ما تكون بالحروب الأهلية. لا العرب سيهيمنون على الإيرانيين، ولا الايرانيون سيحكمون العرب، وهم جيران الى الأبد شاؤوا أم أبوا ــ فالى أين يوصل النزاع؟ هل نتعلم من التاريخ؟ فلنقرأ الدكتور عبد العزيز الدوري لنفهم كيف أنّ ازدهار بغداد ــ في عصرها الذهبي ــ ما كان إلا نتيجة ترابطها مع محيطها. طريق الحرير الذي جعل خيرات العالم وبضائعه تصب كلّها في العراق ما كان إلا «الطريق التاريخي المعروف بطريق خراسان، الذي كان يمر ببغداد فهمدان فقزوين والري ونيسابور ومرو وبخارى وسمرقند، حيث يتشعب الى فرعين: شمالي ويذهب الى خوارزم، وشرقي يصل الى الصين». التاريخ يخبرنا كيف أنّ المدنية كانت تموت في العراق ما إن يُفصل البلد عن خراسان وطرق التجارة الدولية، فيضمحل الاقتصاد، وتضعف الدولة، وتخرب الزراعة، وتُسدّ قنوات الري وتخرب البثوق ــ فيصير العراق بلداً طرفياً منعزلاً، بلا أهمية الا لقبائل الصحراء.

المسألة ليست اقتصادية فحسب، بل هي أيضاً حضارية ومصيرية: إنّ منطقتنا لن تنعم بالاستقلال وبالكرامة وبالازدهار حتى يتعلم العرب والترك والفرس لغة بعضهم بعضاً، ويتزاوجوا من بعض، ويفهموا يقيناً أنّ الفرقة الحضارية التي حلت بينهم في القرن الماضي هي الاستثناء، لا القاعدة. ومن أراد «جداراً من نار»، فليبنه حول نفسه.

من يأخذ حقنا؟


إيران تخوض معركتها وهي مدركةٌ أنّ «المجتمع الدولي» و«الشرعية الدولية» أوهامٌ لا وجود لها في عالم الواقع. لماذا لا نسمع بـ«الشرعية الدولية» في حالة دول كالصين وروسيا والهند؟ لأنّ تلك البلدان هي دولٌ\أمم حقيقية ذات سيادة، وهي مستعدة للدفاع عن سيادتها ومواطنيها، لذا تعاملها الدول الكبرى باحترام وتخوّف. ليس غريباً أن يستعمل الغرب الأمم المتحدة والقانون الدولي أداةً لفرض إرادته على الضعفاء، الغريب هو أن تسمع، بين نخب دول الجنوب، من يتّكئ على هذه المفاهيم ويريد أن يقنعنا بالرضوخ لها ولوصايتها ــ كأنما هناك شرعية أخلاقية أو قانونية لمنظمة، كالأمم المتحدة، تورطت في فرض إبادة جماعية على بلد اسمه العراق، ثم شرّعت احتلاله ونهبه، بدلاً من معاقبة المرتكبين. النخب «الوطنية» التي تدعونا باستمرار للامتثال لـ«الشرعية الدولية» هي ذاتها التي تروج لثقافة «السلام» (مع الليكود) في فلسطين، والتي أوصلت الى ما أوصلت اليه في العقدين الماضيين. هؤلاء يريدون أن يُقنعوا شعبهم بالمعادلة الأميركية التالية: «إذا شرع الإسرائيليون في قتل أطفالكم، فقوموا بفحص سلوككم، أنقدوا ذواتكم، افهموا ما الخطأ الذي تفعلونه والذي يدفع عدوكم لقتل أولادكم، ثم قوّموه». من يرضخ لمعادلات من هذا النوع لا يُقيم كبير وزن لحياة أطفاله. المعادلة في العالم الحقيقي هي كالتالي: «إن حاولتم قتل أولادنا، فإننا سنُبيدكم». هذه هي القاعدة البديهية منذ اكتشف الإنسان القديم الحرب، وإن لم تفكّر بهذه العقلية، فسيدوسك العالم بأجمعه.

المسألة هي، في عُمقها، خيارٌ تاريخي: بين السعي إلى نيل الاستقلال والحفاظ عليه، وتحمل كلفة هذا الطريق مع احتمال الفشل، وبين الخضوع للهيمنة، وتحمل كلفة الخضوع ـــــ واحتمال الفشل، عندها لا يعود مشكلة. هذا الخيار مطروحٌ علينا كما هو مطروحٌ على الإيرانيين، وقد أخذ العرب مسارات مختلفة واقتتلوا على خياراتهم، لكن ما أثبتته التجربة، وقد رأيناه بوضوح في فلسطين والعراق ولبنان، هو أنّ الضعفاء لا ينتزعون حقوقهم من مُغتصبيهم بالقانون. لا يحصل استقلال ولا يحصل تحرير حتى يفهم عدونا، جيداً وملياّ، أنّ «التضحية» و«التنازلات» ليست في الانسحاب من بعض الأراضي العربية المحتلة، أو في «السماح» لنا بأن نبني مستقبلنا بإرادتنا… بل إنّ التضحية الحقيقية والملموسة، المؤلمة والمُفجعة، تكمن في خوض الحرب ضدنا.


La destination Maroc : où se niche le malentendu

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29.02.2012 | Thami BOUHMOUCH  |  eplume.wordpress.com

Au Maroc, s’il y a un secteur où l’orientation produit prévaut de la manière la plus éclatante et la plus tenace, c’est bien celui du tourisme. L’industrie touristique y est perçue traditionnellement comme la clé de l’essor économique ; elle représente une partie non négligeable du PIB, des milliards de DH de recettes en devises, quelques centaines de milliers d’emplois directs et indirects… (1) C’est entendu, mais il faut savoir ce qu’on veut et bien saisir le nœud du problème.

On apprend qu’en 2010, plus de 9 millions de touristes ont visité le pays, générant près de 5 milliards d’euros de recettes. Est-ce bien, est-ce mauvais ?… Tout d’abord, pour que de tels chiffres soient crédibles et permettent de mesurer réellement la qualité de la politique adoptée, il faudrait s’abstenir d’y inclure les MRE. Ensuite, le petit archipel des îles Canaries a enregistré la même année presque autant d’arrivées que le Maroc (8,6 millions) et le double en termes de  recettes (8,95 milliards d’euros). Enfin, ces chiffres ne sauraient masquer le point névralgique du taux de retour effectif. Ce taux est d’environ 6 %, tandis qu’il est de 30 % en Turquie. (2) Cela amène à se demander : pourquoi – en dépit de ses atouts et du bradage général démesuré – le pays a-t-il beaucoup de mal à faire revenir les visiteurs ? Pourquoi rien n’est fait pour redresser cette situation ?

Le problème ne date pas d’hier. Il n’est que de se remémorer le propos d’un ancien directeur de l’ONMT (Office National Marocain du Tourisme) : « On doit se mettre d’accord sur le produit que nous voulons tous ». (3) « Nous », c’est-à-dire l’ONMT, le ministère de tutelle et l’ensemble des professionnels du secteur. L’idée – encore aujourd’hui – est que ces intervenants savent ce qui est bon pour le touriste. Du coup, l’attention est focalisée sur la publicité et les actions de promotion. On fait du porte-à-porte auprès des agents de voyage européens, on les invite à Agadir ou Marrakech, on les engage à « transférer un nombre croissant de voyageurs ». L’investissement publicitaire et surtout la vente au rabais sont mis en avant comme les seuls moyens de faire progresser la destination sur les marchés étrangers… L’absurdité du raisonnement saute aux yeux.

Depuis 40 ans, les responsables du secteur ne font que de l’improvisation et du pilotage à vue. Il n’y a pas lieu de valoriser un produit qui existerait à l’état brut, de lui trouver un emballage attrayant. Le remède ne consiste pas, tant s’en faut, à créer un site Internet pour engager les vacanciers étrangers à acheter leur séjour. Il ne suffit pas que l’Etat subventionne la mise à niveau du parc hôtelier et la rénovation des établissements dégradés…

A mon sens, il y a un véritable malentendu : les métiers du tourisme ne se limitent pas à l’ardeur zélée du personnel hôtelier, à quelques excursions ou spectacles ponctuels. Imaginons le Maroc offrir des bermudas alors que le marché demande des pantalons. N’est-ce pas ce que font aujourd’hui les opérateurs du secteur ? Quel type de tourisme doit-on développer : de masse ou de haut de gamme ? Quel mode d’hébergement faut-il privilégier (selon le site) : hôtels de luxe ou hôtels de 3 étoiles, ryads, maisons d’hôtes, relais, gîtes ?…

Il ne s’agit pas de savoir ce que l’on veut faire, mais ce que l’on doit faire (étant donné la politique officielle). Depuis longtemps les grandes tendances sont connues : exotisme, activités physiques, confort… mais aussi sécurité et propreté (rues), sens de l’organisation, probité (guides, commerçants). L’essentiel est de savoir y répondre, de créer l’environnement propice. Les touristes ne sont plus ce qu’ils étaient. Des mutations importantes ont lieu quant à la conception des vacances et des loisirs, au choix de la destination, à l’évaluation des avantages et des formules de paiement, etc. L’Organisation Mondiale du Tourisme (OMT) prédisait que le tourisme du 21ème siècle sera « pauvre en temps et riche en argent », que les congés seront de plus en plus courts, que les escapades de quelques jours vont se multiplier. Cette tendance devrait favoriser le voyage à thèmes et les croisières (visite de plusieurs endroits en une seule excursion de courte durée).

Les vacanciers expriment de plus en plus des besoins de vitalité et de diversité ; ils désirent vivre des événements hors du commun. De là, de nouvelles attentes sont exprimées, tels les randonnées en montagne, l’exploration, les sports proches de la nature (VTT, vol libre…), etc. Ce constat rejoint d’ailleurs les conclusions de l’OMT, selon lesquelles l’écotourisme, le tourisme d’aventure, le tourisme culturel et les croisières domineront le marché mondial des voyages dans les années à venir.

Le tourisme culturel est une niche appréciable. Les médinas de Fès, de Marrakech et de Tétouan, la place Jamaâ-lafna, le site archéologique de Volubilis, la ville historique de Meknès (classés patrimoine mondial) constituent déjà un argument touristique de taille. A cela, il faut ajouter les medersas, les différents moussems, la procession de Cires à Salé, la musique andalouse, les fantasias, l’art du tapis, la céramique et d’innombrables autres curiosités. Le patrimoine historique marocain, particulièrement dense, ne demande qu’à être régénéré et intelligemment mis en valeur.

Une chose est sûre hélas : les chaînes hôtelières réalisent le produit qu’elles connaissent, qu’elles savent faire fonctionner et qui s’intègre immédiatement dans leur vision. Les « ingrédients » locaux sont instrumentalisés : charmeurs de serpents, saltimbanques, petits orchestres, guides et artisans sont recrutés par les TO ou le gestionnaire de l’hôtel. Les populations sont fétichisées, amenées à faire commerce d’elles-mêmes (moussem d’Imilchil, danses berbères, place Jamaâ-lafna…). Les aménagements de façade (pour rappeler « l’architecture locale »), le hall d’entrée « exotique », le magasin de souvenirs, les employés du front vêtus de costumes folkloriques, les conduites de larbin (inconcevables en Turquie)… demeurent les principales composantes de la recette.

Qu’en est-il de la qualité des prestations ? Au Maroc, elle est en deçà des normes internationales. Le parent pauvre du produit est l’animation… Certes, de temps à autre, on entend parler du festival des Musiques Sacrées, celui des Arts culinaires, celui de la Fantasia, des Symphonies du désert, de la Fête des cerises et autres Moussems. En fait, c’est de l’animation quotidienne qu’il est à chaque fois question : au delà du périmètre de l’hôtel ou du village de vacances, elle fait cruellement défaut. Lézarder au soleil est loin d’être suffisant, le touriste se lasse de ne rien faire. La réplique d’un professionnel, à cet égard, est assez suggestive : « Remarque que c’est bien joli de faire dormir les gens, mais on dort huit heures et on vit le reste de la journée ». (4)

La DEAT (Direction des entreprises et activités touristiques) est chargée de classer les hôtels. Or les missions d’inspection qu’elle réalise et les rapports présentés ne sont pas réellement pris en considération. Il n’y a pas de sanctions radicales et certains établissements, mal gérés, mal entretenus, continuent de fonctionner avec l’ancien classement (c’était le cas pendant longtemps de l’hôtel Imilchil à Marrakech). L’atmosphère de désorganisation est déjà un motif sérieux de déception : pourquoi faut-il que les réservations soient approximatives, que lors d’une excursion le guide arrive tard le matin, que le véhicule soit défaillant et le chauffeur débraillé ?

Le manque d’honnêteté en affaires (guides, bazaristes, restaurateurs, vendeurs à la sauvette) accentue les déconvenues et l’indignation. Les commerçants veulent vendre leur pacotille par tous les moyens. Peu importe que le vacancier soit satisfait ou pas ; peu importe qu’il apprenne plus tard qu’il a été floué ; ce qui compte c’est l’argent extorqué. Des disputes avec les chauffeurs de taxi (qui ne font pas marcher leurs compteurs) sont très fréquentes et loin d’être anodines… Vous avez opté pour le tourisme ? Commencez alors par imposer partout l’affichage des tarifs. Que l’on me dise en quoi c’est hors de portée ? Pourquoi se résigner à laisser les vacanciers à la merci de commerçants indélicats et inconscients ?

A tous ces désagréments, il faudrait ajouter la négligence inavouable des édifices historiques. Pourquoi, ici ou là, des monuments sont-ils noyés dans l’obscurité dès la tombée de la nuit ? Pourquoi certains sites sont-ils délaissés et quasiment désertés (Chellah à Rabat, entre autres) ? A Meknès, le majestueux Bab Mansour mérite-t-il les déchets nauséabonds qui l’entourent ? A Tanger, la Kasba, principal attrait historique, est bordée de détritus ménagers. Les rues et même les principales artères n’échappent pas au désastre…

Les carences, abus et autres anicroches mises bout à bout constituent un problème de taille. Des touristes qui décident de désavouer une destination, n’est-ce pas un fait alarmant ? Partout, le taux de retour est l’indicateur le plus révélateur de l’état de santé du secteur. Si ce taux est proche de zéro, cela veut dire que tout est proche de zéro : l’équipement touristique, la qualité du service, l’animation, la sécurité, la relation avec les commerçants, l’état des trottoirs… Le vacancier désenchanté quitte le pays avec l’idée qu’il n’y reviendra pas. Il ne se privera pas, à n’en pas douter, d’en parler autour de lui : en matière commerciale, rien n’est pire que le bouche-à-oreille négatif.


(1) Dans les faits, le secteur induit peu d’emplois industriels, favorise une série de petits métiers et gagne-pain parasitaires. Est-il vrai que le tourisme permet le « développement » ?… La question est importante, mais déborde le cadre de cet article.

(2) Cf. http://lavietouristique.com/index.php?option=com_k2&view=itemlist&task

(3) Interview in La Vie Economique du 2 janvier 1998. Je souligne.

(4) J. Dubois, l’un des promoteurs du projet touristique Bab Africa lancé près de Marrakech : http://www.leconomiste.com/article/un-millier-de-crocodiles-marrakech


Malcolm X et le problème de la violence : Enjeux de la stratégie de la non-violence

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12.02.2011 | Bader Lejmi |  eplume.wordpress.com

La seule stratégie politique de lutte organisée qui exista jusqu’à l’obtention des droits civiques fut celle de la non-violence. La seule autre stratégie visant à l’action politique : l’auto-défense, ne fut pas mise en œuvre avant l’apparition des patrouilles d’alerte des citoyens noirs des Black Panthers en 1967.

L’alternative séparatiste ne conduisant à aucune action concrète, comme l’explique en filigrane Malcolm X décrivant la stratégie de réussite économique et morale de Elijah Muhammad, « prophète » de la Nation of Islam :

Un jour M. Muhammad trouva un verre d’eau sale sur un comptoir. Il posa à côté un verre propre. « Tu veux savoir comment disséminer mes idées, dit-il, montrant du doigt les deux verres. Ne condamne pas celui dont le verre est sale. Contente-toi de lui montrer le tien, qui est propre. Il l’examinera de lui-même. Ainsi tu n’auras pas à en vanter la propreté. » C’est de tout ce que M. Muhammad m’a appris, ce qui me reste le plus présent à l’esprit, quoique je n’aie pas toujours suivi son conseil. J’aime trop la bagarre. J’ai tendance à dire aux gens que leur verre est sale. [1]

LA TRANSFORMATION DES ÊTRES

La stratégie de la non-violence a pour objectif de toucher la conscience de l’oppresseur et de le pousser à se transformer en lui montrant la souffrance endurée pacifiquement par les victimes. Or pour Malcolm X, la transformation souhaitée au travers de la stratégie de la non-violence n’a pas de sens. Pire, cette non-violence et cet amour de l’opprimé pour l’oppresseur, du Noir pour le Blanc ne se fait qu’au détriment de l’amour et de la non-violence entre noirs eux-mêmes :

Un grand nombre d’entre nous veulent être non violents et nous parlons très haut de non-violence. Ici, à Harlem, où les noirs se trouvent probablement concentrés en plus grand nombre que nulle part ailleurs, certains parlent aussi de non-violence. Mais nous constatons qu’ils ne sont pas non violents les uns à l’égard des autres. (…) L’expérience m’a appris que, bien souvent, les noirs que vous voyez parler de non-violence ne sont pas non violents dans leurs rapports entre eux, qu’ils ne s’aiment pas les uns les autres et qu’ils ne pardonnent pas les offenses. Lorsqu’ils se déclarent non violents, cela veut dire habituellement qu’ils sont non violents à l’égard de quelqu’un d’autre. (…) Ils sont non violents à l’égard de l’ennemi. Qu’un blanc se présente chez vous dans l’intention d’user de violences à votre endroit, vous serez non violents ; ou bien qu’il vienne prendre votre père et lui mettre une corde au cou, vous serez non violents. Mais qu’un autre noir tape seulement du pied, et vous vous battrez avec lui dans une minute.[2]

La transformation de l’être par l’amour ne sert, pour Malcolm, qu’à renforcer la domination, si ce n’est l’hégémonie blanche. Hégémonie poussant à consentir, si ce n’est collaborer à sa propre domination, la sienne individuellement mais également, et surtout dans le cas présent, celles des autres noirs. Malcolm X n’oppose pas à l’amour la haine mais la colère, une colère qui, selon lui, permet la prise de conscience :

Lorsque la colère [prend les gens tristes], ils se rendent compte des conditions dans lesquelles ils vivent, ils comprennent que leur souffrance est injuste, immorale, illégale et qu’ils sont en droit de tout faire pour y remédier ou y mettre fin.[3]

L’AUTO-DÉFENSE COMME ALTERNATIVE

l’impossible transformation du raciste par l’amour

Pour Malcolm X, il n’est pas possible pour un raciste d’admettre l’égalité des noirs avec les blancs autrement que par l’auto-défense. L’auto-défense, seule stratégie menaçante pour l’Homme Blanc, est la seule à même de résoudre le problème :

Ne transformez pas l’esprit de l’homme blanc – vous n’y parviendrez pas, et tout le battage que font ceux qui veulent en appeler à la conscience morale de l’Amérique – la conscience morale de l’Amérique est faillie.[4]

Ils ne s’efforcent pas de mettre fin à un mal parce que c’est un mal, ou parce que c’est illégal, ou parce que c’est immoral ; ils n’y mettent fin que si cela constitue une menace pour leur existence.[5]

Il faut par conséquent parler [aux racistes] dans leur langue. La langue qu’ils parlaient à Mme Hamer (ndlr, une femme noire victime d’une agression raciste), c’était celle de la brutalité. (…) Si [le raciste] s’exprime avec un fusil, apprenons le parler des fusils. Oui, je dis bien : s’il ne comprend que le parler des fusils, prenez un fusil, s’il ne comprend que la langue des cordes, prenez une corde. Mais si vous tenez à établir une communication réelle, ne perdez pas votre temps à parler à votre interlocuteur une langue qu’il n’entend pas.[6]

Ne cherchez donc pas à vous faire des amis de gens qui vous privent de vos droits. Ce ne sont pas vos amis, mais vos ennemis. Traitez-les en ennemis, faites-leur la guerre, et votre ennemi vous respectera, nous vous respecterons. Je le dis sans haine ; ce sentiment m’est étranger : je n’ai pas la moindre haine pour qui que ce soit. Mais j’ai quelque bon sens et je ne laisserai pas un homme qui me hait me dire de l’aimer. Ce n’est pas dans mes façons. Vous, qui êtes jeunes et qui commencez à réfléchir, vous ne l’admettrez pas non plus. Vous ne vous laissez prendre à ce piège que si vous y êtes poussés par quelqu’un. Et ce quelqu’un n’a pas votre bien à cœur.[7]

l’amour prioritaire des siens et la colère salvatrice

Et s’il ne veut pas des blancs pour frères, c’est parce que l’enjeu n’est pas la fraternité, mais choisir le groupe qui bénéficiera, de façon prioritaire, de cette fraternité raciale. Pour Malcolm X, ce sont avant tout les noirs qui doivent s’aimer entre eux et pratiquer la fraternité de façon inconditionnelle, et de façon conditionnelle avec les blancs. Ainsi la doctrine de l’auto-défense d’une violence proportionnelle à celle de l’oppresseur et de non-violence entre noirs se double d’une doctrine de l’amour réciproquement proportionnel à l’endroit des blancs et d’amour absolu entre noirs. C’est la condition qu’il met à la libération des Noirs :

Je le répète, je ne suis pas raciste. Je ne crois en aucune forme de ségrégation. Je suis partisan de la fraternité à l’égard de tout le monde, mais je ne crois pas qu’il faille imposer la fraternité à des gens qui n’en veulent pas. Pratiquons-la entre nous, et si d’autres veulent la pratiquer à notre égard, nous accepterons de leur rendre la pareille. Mais je ne pense pas que nous devions chercher à aimer qui ne nous aime pas.[8]

L’hostilité est une bonne chose. Il y a trop longtemps qu’elle est contenue. Quand nous cesserons de toujours dire oui à M. Charlie et de tourner la haine contre nous-mêmes, nous commencerons à êtres libres.[9]

Malcolm est encore plus clair sur les fins de sa défense discursive de la violence une fois interrogé sur la haine qu’il est supposé propager :

Marlene Nadle, une journaliste, demande à Malcolm s’il compte recourir à la haine pour organiser les gens. Je ne vous permets pas d’appeler cela de la haine. Disons que je ferai prendre conscience aux gens de ce qui leur a été fait. Cette prise de conscience fera naître une grande quantité d’énergie, tant négative que positive, qui pourra être canalisée de façon constructive. (…) La plus grande erreur du mouvement, c’est d’avoir voulu organiser un peuple endormi en vue d’une lutte sur des objectifs spécifiques. Il faut commencer par éveiller les gens, l’action vient ensuite.[10]

Sa rhétorique de l’auto-défense et plus généralement son discours offensif sur la question du racisme comporte de façon claire une fonction symbolique d’élévation du niveau de conscience visant à pouvoir agir dans la direction souhaitée. La stratégie de l’auto-défense repose ainsi sur une part discursive et rhétorique visant à produire un effet de transformation sur les victimes du racisme elles-mêmes visant à préparer la lutte. Ne niant pas les risques de violence, il compte sur l’organisation pour la canaliser dans le sens de la Black revolution qu’il appelle de ses vœux.

qui sème le vent récolte la tempête

Malcolm X développera un discours de dénonciation de la violence raciste des Blancs à l’égard des Noirs. Pour lui, l’usage incontrôlé de la violence contre les Noirs, devenant haine, se retourne contre les oppresseurs :

Lorsqu’une bombe explosa dans une église chrétienne noire de Birmingham (Alabama), tuant quatre ravissantes petites filles noires, j’ai commenté, certes, l’évènement, mais pas comme il aurait fallu. Il aurait fallu dire que plus on laissait la haine se déchaîner au lieu de la contenir, plus cette haine devenait féroce, et finissait par déferler sur les Blancs eux-mêmes, et leurs leaders.[11] (à propos de la déclaration sur les poulets retournant au poulailler après l’assassinat du président J. F. Kennedy). Je dis que la haine ne s’était pas limitée chez l’homme blanc à l’assassinat de Noirs sans défense, mais puisqu’on la laissait s’étendre sans frein, elle s’était finalement retournée, pour l’abattre, contre le chef de l’État.[12]

Ce dont il est question ici est non pas l’usage de la violence dans l’absolue mais son usage contre des opprimés sans défense (petites filles, noirs sans défense) qui conduit au déchaînement incontrôlé de cette violence. Il distingue ainsi la haine de l’auto-défense, au contraire de Martin Luther King qui replie les deux notions sur celles de violence, d’amertume ou de haine.

Malcolm X, appelle essentiellement à l’amour des Noirs entre eux et à l’auto-défense. Dénonçant vigoureusement l’amour de l’oppresseur, il y voit un affaiblissement de la conscience de cette même oppression. Malcolm voit dans la violence un outil d’élévation du niveau de conscience autant qu’une méthode de défense. Il semble faire sienne la thèse de Frantz Fanon, psychiatre martiniquais du côté de la révolution anticoloniale nationale algérienne, dans son essai Les Damnés de la terre (1961), selon laquelle « la violence désintoxique, débarrasse le colonisé de son complexe d’infériorité, de ses attitudes contemplatives ou désespérées »[13]. Cependant dans les faits, durant toute cette période, Malcolm X, n’a pas mis en œuvre sa stratégie. Le mouvement des droits civiques était largement dominé par la tendance intégrationniste du pasteur King marginalisant les éléments en faveur de l’auto-défense en lien avec Malcolm X.

la critique de l’intégrationnisme du mouvement

De son long passage chez Nation of Islam, Malcolm X y retient un farouche rejet de l’intégrationnisme. Il s’empare du terme de Black revolution pour appuyer l’aspect révolutionnaire, et le distinguer du mouvement des droits civiques, qu’il qualifie de Nigger revolution. Le terme nigger est ici péjoratif, non dans un sens raciste, mais dans le sens d’une tonalité paternaliste et misérabiliste. Il souligne le caractère misérabiliste de la tendance intégrationniste en tournant en ridicule la revendication d’abolition de la ségrégation du mouvement pour les droits civiques. Sa conception de la révolution est encore imprégnée du nationalisme séparatiste voulant un État noir [14] d’où l’insistance sur la terre comme fondement de la révolution. Sa réflexion évoluera en abandonnant l’aspect séparatiste mais en conservant les luttes de libération nationales comme prototypes de sa révolution.

Je vous rappelle toutes ces révolutions, mes frères et mes sœurs, pour vous montrer qu’il n’existe pas de révolution pacifique. Il n’existe pas de révolution où l’on tende la joue gauche. Une révolution non-violente, ça n’existe pas. La seule espèce de révolution qui soit non-violente, c’est la révolution nègre. C’est la seule qui ait pour but la déségrégation des comptoirs de restaurants, la déségrégation des jardins publics, la déségrégation des lavabos dans les lieux publics ; vous pouvez vous asseoir à côté d’un blanc – sur le siège des cabinets. Ce n’est pas une révolution. La révolution est fondée sur la terre. La terre est le fondement de toute indépendance. La terre est le fondement de la liberté, de la justice, et de l’égalité.[15]

La révolution est sanglante, la révolution est hostile, la révolution ne connaît pas le compromis, la révolution renverse et détruit tout ce qui lui fait obstacle. Et vous, vous êtes assis là pareil à des bécasses posées sur un mur, disant : « Je m’en vais aimer ces gens-là, si fort qu’ils ne puissent me haïr. » Non, c’est une révolution qu’il vous faut.[16]

Or la notion même de révolution est incompatible avec la stratégie de la non-violence et de l’amour de l’oppresseur. Il fonde la légitimité de la violence dans les stratégies des révolutions de libérations nationales des pays colonisés, mais également des révolutions américaines, françaises et russes. Une violence qui va jusqu’au point où le sang est versé. Il faut noter avec attention que c’est du sang des Africains-américains dont il s’agit. C’est avant tout une prise de risque consciente de la répression féroce qui suivrait la mise en place de la stratégie de l’auto-défense :

Nous voulons la liberté immédiatement, mais nous ne l’aurons pas en disant « We shall overcome ». Il nous faudra combattre jusqu’à ce que nous remportions la victoire.[17]

Il n’y a pas de révolution qui ne fasse pas couler le sang. Et vous avez peur de verser votre sang. Oui, vous avez peur de verser votre sang.[18]

La lutte révolutionnaire ne se mène jamais en tendant l’autre joue. La révolution n’est jamais fondée sur l’amour des ennemis et le pardon des offenses. La lutte révolutionnaire n’est jamais menée sur l’air de « We shall overcome ». La révolution, c’est l’effusion de sang. En révolution, il n’y a jamais de compromis. La révolution ne se fonde jamais sur les négociations. La révolution ne reconnaît aucune forme de gradualisme. La révolution ne consiste pas à supplier une société ou un système corrompu de nous accepter dans son sein. La révolution renverse les systèmes et il n’est pas, sur cette terre, de système qui se soit montré plus corrompu, plus criminel que celui qui en 1964, tient encore colonisés et réduits en esclavage vingt-deux millions d’Afro-américains[19]

La différence entre Noir et nègre est essentielle dans la réflexion à venir de Malcolm et dépasse la simple mise en cause de la stratégie du mouvement des droits civiques. Reprenant la pensée de Nation of Islam, il se distingue du terme nigger pour imposer celui de Black. Dans les discours de NOI, est accolée l’expression so-called à chaque fois que nigger est mentionné. Depuis le Moorish Science Temple de Noble Drew Ali, le terme nigger est déprécié en faveur d’une fabrication identitaire maure sur le modèle des immigrations européennes. Nation of Islam, puis à son tour Malcolm X, reprennent cette stratégie. Mais ce dernier, va passer du modèle de transposition de l’identité noire sur celui des immigrations européennes, à celui de l’universalisme noir. En somme, Noir pour dire non-blanc se substitue à noir pour dire American negro. La Black revolution devient le nom générique de toute révolution anticoloniale des peuples non-blanc. Cette conception n’est pas éloignée des tendances radicales développées par W.E.B Du Bois dans la revue Crisis dont le slogan Tales of the darker races (Chroniques des races sombres, NdT) reprends cette volonté universaliste de dénoncer le racisme colonial des peuples européens. Dans la même veine, Malcolm X, déclarera :

La révolution noire se poursuit en Afrique, en Asie, en Amérique Latine ; lorsque je dis « noir » j’entends non-blanc – noir, marron, rouge, jaune[20]

Parmi les « nègres » de ce pays, les membres des groupements de lutte pour les droits civiques, ceux qui croient aux droits civiques passent en règle générale la majeure partie de leur temps à s’efforcer de démontrer qu’ils sont américains. Ils envisagent ordinairement les choses d’un point de vue domestique sans vouloir sortir des frontières de l’Amérique, et se considèrent toujours comme une minorité. Lorsqu’ils envisagent leur rôle sur la scène américaine, c’est sur une scène blanche qu’ils se voient. Aussi le noir qui se tient sur cette scène américaine appartient-il automatiquement à une minorité. Il est battu d’avance et sa méthode de lutte consiste toujours à mendier, le chapeau à la main, et à rechercher le compromis[21]

Le terme de Black Revolution est une tentative de distinction de la Révolution Nègre. Alors que les nègres sont une minorité raciale américaine définie par sa couleur, les Noirs sont une nation contre-américaine déterminée par le statut de colonisé. La Black revolution place la lutte des noirs américains comme une prolongation locale d’une lutte globale contre le racisme colonial. Cette critique de la blanchité intrinsèque des USA constitue une rupture. Il sort ainsi de façon radicale du cadre national et démocratique qui impliquait que c’est la majorité, donc les Blancs, qui décident. Le cadre global lui permet ainsi de fonder en raison la méthode de l’auto-défense. Il ne s’agit désormais plus d’être reconnu comme pleinement entièrement américains mais comme des victimes du racisme colonial global. C’est en dénonçant la minorisation des Africains-américains par le cadre national qu’il peut réécrire l’identité noire de façon non plus essentialiste mais dialectique dans le contexte colonial global. C’est dans la même lancée de mise en contexte et de dé-essentialisation, et après son Hajj, qu’il fera de sa position sur l’auto-défense une position liée à la période et à ses conditions. L’élargissement au cadre colonial global découle directement de la période et de ses conditions, et non pas d’une essence africaine des Africains-américains. L’essence qu’il conserve est un humanisme existentialiste [22] : les noirs doivent être reconnus comme des humains et respectés en tant que tels.

Les politiques et les programmes varient suivant la période. Mais l’objectif ne varie jamais. On peut modifier la méthode utilisée pour atteindre un objectif, mais l’objectif, lui, ne varie jamais. Ce que nous voulons par tous les moyens, c’est une liberté absolue, une justice absolue, une égalité absolue. Cela ne varie jamais. Être absolument et immédiatement reconnus et respectés en tant qu’êtres humains, voilà ce que nous voulons tous, et cela ne varie pas. Peu m’importe votre appartenance – ce qui compte c’est que vous vouliez être reconnus pour des êtres humains et respectés en tant que tels. Mais au cours du temps, vous avez utilisé diverses méthodes pour parvenir à vos fins. Si vous en avez changé, c’est parce qu’il faut modifier les méthodes en fonction de la période et de ses conditions. L’une des conditions dont nous sommes trop peu informés, c’est la liaison entre notre lutte et la lutte de libération des peuples du monde entier[23]

Bader Lejmi

Notes :

1) Malcolm X, Alex Haley, L’auto-biographie de Malcolm X, Grasset, 17 février 1993, p. 183-184

2) Malcolm X, Avec la jeunesse du Mississipi, 31 décembre 1964

3) Malcolm X, Il nous faut un mouvement Mau-Mau, 20 décembre 1964

4) Malcolm X, Le bulletin de vote ou le fusil, 3 mars 1963

5) Malcolm X, Le bulletin de vote ou le fusil, 3 mars 1963

4) Malcolm X, Il nous faut un mouvement Mau-Mau, 20 décembre 1964

5) Malcolm X, Avec la jeunesse du Mississipi, 31 décembre 1964

6) Malcolm X, Après l’attentat : Je ne suis pas raciste… ,13 février 1965

7) Malcolm X, Blancs militants et noirs militants, Militant Labor Forum, 7 janvier 1965

8) Malcolm X, Le pouvoir Noir, p. 236

9) Malcolm X, Alex Haley, L’auto-biographie de Malcolm X, Grasset, 17 février 1993, p. 254

10) Malcolm X, Alex Haley, L’auto-biographie de Malcolm X, Grasset, 17 février 1993, p. 258

11) Frantz Fanon , Les Damnés de la Terre, éd. La Découverte poche, 2002, p. 127 12) Position qui fut également celle des trotksystes américains

13) Malcolm X, Et d’abord qu’est-ce qu’une révolution, Nation of Islam, 9 ou 10 novembre 1963

14) Malcolm X, Et d’abord qu’est-ce qu’une révolution, Nation of Islam, 9 ou 10 novembre 1963

15) Malcolm X, Le bulletin de vote ou le fusil, 3 mars 1963

16) Malcolm X, Et d’abord qu’est-ce qu’une révolution, Nation of Islam, 9 ou 10 novembre 1963

17) Malcolm X, Rejoindre la révolution noire mondiale, 8 avril 1964

18) Malcolm X, Rejoindre la révolution noire mondiale, 8 avril 1964

19) Malcolm X, Rejoindre la révolution noire mondiale, 8 avril 1964

20) Dans ses discours, plusieurs passages sont tirés directement des écrits de Sartre.

21) Malcolm X, Montrez-moi le capitaliste, je vous montrerai le vautour, 20 décembre 1964

22) Dans ses discours, plusieurs passages sont tirés directement des écrits de Sartre

23) Malcolm X, Montrez-moi le capitaliste, je vous montrerai le vautour, 20 décembre 1964

Ce texte est tiré d’une étude réalisée par Bader Lejmi ayant pour dessein d’étudier de près la position de Malcolm X sur la thématique de la violence. L’ensemble des articles est disponible sur le blog de l’auteur.


La jeune mère et la mort !!

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08.03.2012 | Dr Zouhair Lahna   |    eplume.wordpress.com 

La journée de la femme!! d’abord pour sa vie

Par le Dr Zouhaïr LAHNA, Gynécologue Obstétricien, Ancien Chef de clinique des Université Paris VII et Ancien SG de Gynécologie Sans Frontières.

La femme est au cœur du débat des ‘‘élites’’ du royaume. Mais de quelles femmes il s’agit ? Les préoccupations sont différentes entre celles qui souhaitent vivre à l’occidentale, important mode de vie et laïcité et  la majorité écrasante, qui n’a pas droit au chapitre, surtout dans les campagnes enclavées et isolées.  Il me semble, à juste titre, que le premier des soucis est celui de pouvoir rester en vie surtout quand elle met son enfant au monde !!
Les enquêtes menées au Maroc, portant sur le décès maternel durant les deux dernières décennies, montraient une mortalité quotidienne de trois à quatre femmes en couches, soit le chiffre impressionnant de 14.000 décès par an ! Et on estime à 20 fois plus de morbidité invalidante pour celles qui ont échappé à la mort. Cette morbidité est représentée par des déchirures non recousues, des pertes urinaires voire des selles suite à des lésions non réparées, des fistules ou une descente d’organes génitaux. Ces dégâts corporels plus ou moins handicapants risquent parfois de nuire à la jeune maman  dans sa vie sociale et conjugale. Vivante certes, mais handicapée et rejetée !!

Pourtant, cette tragédie humaine qui laisse des enfants orphelins et des familles décomposées n’est pas une fatalité. Tous les experts en mortalité maternelle dans le monde savent que les complications qui peuvent survenir lors d’un accouchement ne sont ni prévisibles ni évitables mais peuvent être traitées si elles sont prises en charge à temps et dans des conditions adéquates.

La ministre sortante avait trouvé le dossier sur son bureau. L’avocate avait fait une première visite (probablement de sa vie) dans une maternité publique. Choquée, elle avait déclaré que les femmes accouchaient comme du bétail. Déclaration qui avait suscité un tollé. Pas parce que la caricature ne ressemblait pas à la réalité, mais parce qu’il ne fallait pas le dire !! depuis, elle a annoncé à la surprise des professionnels un objectif de diminution de 75% du chiffre de la mortalité maternelle. Les mesures prises avaient été une gratuité de l’accouchement et une prolongation de la durée à la maternité de 24h à 48h. Des mesures insuffisantes pour arriver à un résultat.

Connaissant la problématique, je savais qu’il aura été impossible de tenir cet engagement sans un règlement des problèmes de transport, de communication et de continuité des soins. Sans parler bien évidement du bannissement de la corruption et la disponibilité des médicaments nécessaires. On ne règle pas un dysfonctionnement aussi grave par des mesurettes.

Et un beau jour j’ai été mis au parfum par des jeunes professeurs de gynécologie. Ils ont passé plus de deux heures lors d’une réunion au ministère à discuter,  pas sur les mesures à prendre mais sur la méthode de calcul statistique.  L’astuce a été de changer de méthode de mesure statistique,  pour diminuer le chiffre de décès maternelle de moitié. En effet, on ne peut plus considérer les marocaines des multipares (plusieurs enfants par femme),  elles sont devenues des pauci pares (peu d’enfants par femme). Et le tour est joué. Hélas,  les réalités du terrain finissent toujours par rattraper les faussaires.

Voilà une dizaine d’années que j’avais effectué ma première « mission humanitaire » dans la province de Tiznit avec Gynécologie Sans Frontières. Notre constat était sans équivoque, il y avait un problème de politique de santé inhérent à la gestion des ressources existantes et au non utilisation des capacités communautaires. Le problème n’était pas celui de structures comme on nous l’avait présenté à Paris mais de gestion des ressources. Des dispensaires et centres de santé ont été construits par des prêts de la Banque mondiale mais très mal fréquentés  à cause de la mauvaise politique sanitaire.

Ce langage de vérité et d’amour pour le pays et ses femmes n’avait pas plu en son temps au directeur de la population, habitué à la charité de la part des agences onusiennes et des ONG qui ‘’aident’’ le pays dans le but de servir leurs agendas. J’avais reçu avec mon équipe de sages-femmes françaises une fin de non-recevoir. Sans appui, je n’ai pas pu réaliser ce beau rêve de mise en place de réseau de prise en charge des mamans depuis leur domicile familiale jusqu’au centre de santé ou l’hôpital. D’autres le feront peut-être, puisque personne n’est indispensable !!

Depuis la situation n’a pas beaucoup changé, alors l’amélioration des statistiques ne satisfont que les décideurs, non les familles qui paniquent dès que la femme trouve des difficultés à accoucher à son domicile. Il faut alors chercher une voiture ‘’khattaf’’, trouver l’argent pour le payer (au prix d’or), ensuite arriver au centre de santé, la peur au ventre ne sachant comment ils vont être reçus.  S’il y a une indication de césarienne alors il faudra un transfert vers l’hôpital provincial. Là encore, ils prient pour que l’ambulance puisse fonctionner qu’il y ait du carburant et que le chauffeur veuille bien se réveiller pour emmener la femme sur le point d’accoucher. Arrivés à l’hôpital, la famille a peur pour son enfant et appréhende souvent l’accueil par une équipe souvent non prévenue, surchargée de travail et souvent excédés

Le système fait l’Homme. Quand le système est défaillant comme c’est le cas dans la prise en charge des urgences maternelles, le déroulement des évènements et la prise en charge dépendent souvent des aléas des moyens humains et matériels et contribuent à alimenter cette défiance de la femme en couches et sa famille. Souvent très pauvres et déconnectés des dures réalités des villes, ils ne pensent pas à corrompre pour accélérer la procédure, comme les citadins. Ce qui les défavorise plus encore.

Et toutes les régions rurales vivent le même calvaire, qui devient plus redoutable quand les routes sont défectueuses et la météo non clémente. J’ai appris que dans la région d’Asni au sud de Marrakech, la population faisait en sorte qu’il n’y ait plus d’accouchement entre les mois de décembre et février. L’expérience leur a montré que durant ces mois les routes et les sentiers sont coupés par la neige et les intempéries et quand les femmes n’arrivent pas à accoucher chez elles  ou se compliquent par une hémorragie ou infection, elles mouraient sous leurs yeux impuissants. Après plusieurs visites et enquêtes, je me suis rendu compte des difficultés de monter un projet de formation d’assistantes maternelles qui relieront les bourgades au chef-lieu. L’habitude de la charité des ONG occidentales qui sévissent dans le Moyen Atlas et la méfiance héritée de l’époque colonial entre les tribus proches du centre de santé et celles au sommet de la montagne sont des freins à toute vision de santé communautaire dans cet endroit. Le commencement passera peut être par une décolonisation des esprits et une recherche d’un intérêt commun qui est celui de la femme et son nouveau-né.

L’association de lutte contre l’avortement clandestin estime que 13% des mortalités maternelles sont dues aux avortements tardifs. Si le débat pour légaliser l’avortement occupe la place publique pour 13%, il est également souhaitable de lancer un débat pour les 87% restants. Sans prise en charge globale de toute la société ce marqueur même maquillé trainera toujours le pays vers le bas. Un jour, peut être les ‘responsables’ seront obligés de regarder leur reflet sans maquillage !!

 

Dr Zouhair Lahna
Médecin, Acteur associatif. 

Ancien Chef de Clinique des Universités, Paris VII & Ancien Vice-Président d’Aide Médicale Internationale

 


Fusillades de Toulouse : Race, religion et meurtre

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20.03.2012 |   |  The Guanrdian  traduit de l’anglais par Le Grand Soir 

Les meurtres de Toulouse sont survenus à un moment où les politiciens français utilisaient un langage de haine.

Au cours des dernières années de récession et de régression, il est devenu un truisme banal de la politique européenne de considérer que vous ne pouvez pas vous fourvoyer en allant plus à droite. Les politiciens à travers le continent ont trouvé une nouvelle formule magique de succès et de survie électorale en jouant sur la peur des étrangers et en particulier de l’islam – le clin d’œil et l’acquiescement qui veulent dire que l’immigration serait à l’origine de notre déclin économique et social. Ce n’est en aucun cas exclusivement un vice de droite. Quiconque a entendu le parti travailliste néerlandais récemment aura des difficultés à se démarquer du démagogue Geert Wilders.

Jusqu’à aujourd’hui, ils auraient pu essayer de faire valoir qu’il n’y avait pas de mal à cela, que c’est même sain, un rééquilibrage de la balance après deux décennies à se mordre la langue et à ramper dans le politiquement correct.

Les ondes françaises ont été remplies d’une telle laideur équivoque ces dernières semaines alors que Nicolas Sarkozy a fait sauvagement vaciller son parti vers la droite dans une tentative de sauver sa peau en affirmant qu’il y avait « trop d’immigrés en France » et en attisant « l’islamophobie » par une affirmation ridicule prétendant que les Français seraient secrètement contraints de manger halal, son premier ministre François Fillon ayant même affirmé que les Juifs et les Musulmans devraient renoncer à leurs lois alimentaires et embrasser la modernité.

Claude Guéant, le ministre de l’Intérieur qui a pris le contrôle personnel de l’enquête, a été le plus constant des xénophobes, le champion de « la supériorité de la civilisation chrétienne européenne » aux « cultures inférieures » qui forcent leurs femmes à se couvrir – oui, les Juifs et les Musulmans pratiquants, voulait-il dire. Le summum est venu la semaine dernière, lorsque le nouveau responsable de l’immigration de Nicolas Sarkozy Arno Klarsfeld – ironiquement le fils aîné du « chasseur de nazis » Serge Klarsfeld – a appelé à construire un mur entre la Grèce et la Turquie pour sauver l’Europe des envahisseurs barbares.

Aujourd’hui à Toulouse nous a été donnée une illustration horrible du point où un tel cynisme délirant peut nous entraîner. Tous ceux qui ont été flingués ou tués dans et autour de la ville au cours des huit derniers jours ont une chose en commun. Ils sont issus de « minorités visibles ». Ils avaient des noms ou des visages qui les balisent comme n’étant pas descendus, comme Jean-Marie Le Pen le dirait, de « nos ancêtres les Gaulois ». Leurs origines – tout aussi bien juives que musulmanes – étaient au Maghreb ou dans les Caraïbes. Ils étaient, en somme, un instantané de « la France métissée » – les métis, immigrant en France qui travaillent dur et « se lèvent tôt » pour vider les poubelles et s’occuper de leurs enfants ; les personnes qui meurent de manière disproportionnée pour la France mais qui sont également le plus souvent enfermés dans ses prisons et ses banlieues délabrées.

Comme un père l’a dit ce matin, alors qu’il étreignait son fils, en le sortant de l’école, « Ils nous attaquent parce que nous sommes différents. »

Les policiers sont encore loin sinon de le capturer, tout au moins de comprendre, ce qui se passe dans la tête de quelqu’un qui peut attraper une petite fille par les cheveux afin de ne pas gaspiller une seconde balle pour l’atteindre. Mais certaines choses sont déjà évidentes. Il n’a pas crié de slogans djihadistes ou antisémite, vaquant froidement à ses affaires macabre, de façon militaire curieusement semblable à Anders Behring Breivik, le tireur norvégien qui a massacré 77 personnes dans un camp d’été de Démocrates sociaux l’été dernier.

Comme pour Breivik, les politiciens seront prompts à arriver à la thèse du fou solitaire. Un autre fou solitaire influencé par rien d’autre que son propre esprit distordu, comme le gang solitaire de néo-nazis qui ont discrètement tué des Turcs et des Grecs en Allemagne depuis des années sans être dérangés par la police, qui préférait mettre les meurtres sur le compte de querelles ou de crimes d’honneur.

Quel pourrait être le lien, demandent-ils, entre des enfants juifs et des militaires français ? Le lien est qu’ils sont perçus tous deux – et pas seulement par une frange d’extrême-droite – comme des symboles de tout ce qui a saboté « la France forte », pour emprunter le slogan électoral de Nicolas Sarkozy. Des écoles confessionnelles, qu’elles soient juives ou des madrasas informelles du week-end, sont perçues comme sapant activement la « République laïque » par des groupes d’activistes comme le Bloc Identitaire et le Front national, ainsi que certains membres de l’UMP de Nicolas Sarkozy, et même certains à gauche.

Un homme noir ou un Musulman, en particulier d’origine algérienne, dans un uniforme de parachutiste touche un nerf sensible chez la vieille garde de l’extrême droite. Ce sont des parachutistes qui ont fait la majeure partie de la sale besogne pour tenter de garder l’Algérie française, et qui ont également tenté d’évincer le Général de Gaulle quand il s’est opposé à eux.

Aujourd’hui, c’est le 50e anniversaire de la fin de cette guerre qui a laissé plus d’un million de morts et deux pays tordus et contorsionnés par sa douleur de manière à peu près égale et opposée.

Pas même Sarkozy, qui a le plus à perdre politiquement consécutivement à ces meurtres, n’essaie de cacher le lien entre la race et la religion. Tout comme il a fait écho au vieux slogan du Front national « Aimez la France ou quittez-la », puis a nié l’avoir jamais dit, il a appelé hier le peuple français à se dresser « contre la haine », après avoir passé les derniers mois à l’attiser de manière maniaque. Nous verrons dans les 34 prochains jours s’il sera balayé par la tempête qu’il a contribué à initier.

Source : Toulouse shootings : race, religion and murder



De l’illusion ‘moderniste’ au Maroc

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14.07.2012 | AbMoul | Son of Words Blog

Il n’est peut-être de plus amère déception que celle infligée par le camp pour lequel l’on ressent(ait) une certaine affinité personnelle et intellectuelle. Et je déclare ici ma totale désillusion par rapport à une certaine gauche marocaine, et particulièrement ce courant qui s’aime à se qualifier de ‘moderniste’. L’impotence organisationnelle, le manichéisme qui fait miroir à celui de leurs adversaires islamistes et, toute proportion gardée, la misère intellectuelle du courant sont des moindres griefs. Ma source de déception est bien plus fondamentale. Je la résumerais en cet amer constat du virage ‘néolibéral’ (ici dans son acception sociale) du courant, ou pour paraphraser, le fait que ce courant aie abandonné la lutte des classes, celle pour une émancipation économique, politique et sociale de la société, pour une lutte qui a pour cible presque-exclusive la société et ses archaïsmes réels ou supposés. Sans pour autant prétendre faire la sociologie du mouvement et son essence historique, il faut commencer par noter que le discours sur les libertés dites individuelles est loin d’être né d’aujourd’hui. Il faisait parties intégrante de la construction intellectuelle et même de la pratique sociologique de la gauche marxiste des années 70/80. Néanmoins, le combat pour la liberté individuelle ne se concevait pas alors chez cette tendance révolutionnaire en herméticité avec la lutte plus holistique et surtout prioritaire contre l’oppression et la domination politique, économique et sociale. En résumé, l’ennemi chez ce courant politique était facilement identifiable, et la société devait avant tout être débarrassée des chaînes économiques et politiques qui entravaient son émancipation et l’expression de ses potentialités et de sa pluralité. La lutte se menait en principe avec et pour la société, et surtout pas contre elle. Et des compromis avec certaines de ses institutions étaient acceptables.

L’échec de l’option révolutionnaire de gauche, celle réformatrice de la gauche dite institutionnelle et l’émergence d’un nouveau courant encore plus conservateur sur les questions individuelles que la monarchie despotique ont amené une frange non négligeable de la gauche révolutionnaire et institutionnelle à effectuer un virage tout azimut, idéologique, mais aussi épistémologique où l’approche systémique fut abandonnée au profit d’un individualisme méthodologique qui exclut même de son corpus intellectuel des concepts jadis indissociables de la matrice idéologique de la gauche tels que la souveraineté populaire, la justice sociale, etc. C’est pourquoi j’ai parlé d’un virage ‘néolibéral’ (au sens politique, car ce courant semble peu se préoccuper des questions d’organisation économique laissant au pouvoir en place le soin d’en décider) qui faisait dire à une certaine Thatcher : ‘There is no such thing as society. There are only individuals’. Les concepts de société, de valeurs collectives, de normes sociales sont alors pour cette tendance devenus suspects dans l’absolu, et pour d’aucuns des concepts totalisants et totalitaires qui ne sauraient permettre l’expression de la volonté individuelle. Ce changement de paradigme d’une analyse des rapports sociaux dont les unités étaient la société, la classe, vers une autre centrée sur l’individu (ou l’ethnie linguistique pour certains des porte-drapeaux du courant), s’est répercutée jusque dans la terminologie utilisée. C’est ainsi que l’on commença à emprunter à la science du comportement de l’individu pour caractériser et analyser des phénomènes sociaux complexes, et la société dans son ensemble est ainsi tantôt simplement traitée de schizophrène, tantôt d’hypocrite comme s’il s’agissait d’un individu, ou d’un ensemble d’individus dont les comportements sont agrégés, hormis toute interaction qui fait de la structure sociale ce qu’elle est.
Quand ce courant, tel qu’aujourd’hui articulé, est-il né? L’on pourrait en faisant un petit exercice de chronologie en situer la genèse dans l’échec du projet social de la gauche au Maroc. Celui de la gauche socialiste incapable d’honorer ses engagements politiques, économiques et sociaux, (ne parlons pas de la gauche radicale qui, tout en sauvegardant une certaine cohérence interne – c’est ainsi que j’exclurais de mes critiques du courant ‘moderniste’ l’AMDH et le parti marxiste Annahj qui, tout en souscrivant au principe des libertés individuelles, mettent toujours au cœur de leur projet politique la lutte contre le despotisme et pour les droits économiques- s’est toujours réjouie de sa position à la marge tout en échouant à provoquer l’avènement du changement radical qu’elle promet). Ces échecs ne furent pas, pour l’analyse consciente ou inconsciente du courant dit ‘moderniste’, mis sur le compte de l’impotence organisationnelle et la compromission de la gauche gouvernementale, encore moins sur le dos d’un pouvoir ayant définitivement réussi à domestiquer la gauche et à l’isoler de sa base de toujours, mais exclusivement sur le dos d’un peuple et d’une société rétrogrades, inaptes à l’exercice de la liberté et préférant, lorsqu’ils en avaient l’opportunité, voter pour des programmes passéistes et réactionnaires au lieu des promesses d’émancipation, celles donc portées par le programme ‘moderniste’. Il ne s’agissait plus de changer les conditions du peuple mais, faute de pouvoir le substituer, de se suffire à réclamer un droit individuel à la différence, en résumé de la distance par rapport à la société perçue comme oppressante. Une liberté individuelle, qui pour indéniable et irréfutable dans un contexte normalisé soit-elle, se limiterait dans la structure sociale actuelle à des caractéristiques et des expressions principalement déterminées par des conditions d’existence sociale. Des particularismes sociaux lorsque rapportés aux réalités sociales du pays, se transforment dans le discours moderniste en des universalismes, finaux, immuables et ne pouvant souffrir de restrictions ne serait-ce celle exigée par le maintien d’un semblant de coexistence sociale. Ce n’est pas sans rappeler un autre discours proclamant aussi sa supériorité morale, cette fois au nom de la religion. Le peuple et la société se retrouvent alors devant deux violences, l’une matérielle et l’autre symbolique. Celle exercée par l’État garant de l’ordre social injuste, et celle portée par une catégorie sociale objectivement hégémonique qui n’exige et ne milite plus pour le changement de la structure sociale, mais juste pour l’assurance d’un exercice libre et sans limites des expressions de sa présente position sociale. Car, s’il n’est pas par essences un projet de classe, le projet ‘moderniste’ tel que déclamé, de par sa construction et sa substance n’est pas plus que celui bénéfiçiant à une classe sociale loin d’être dominée dans les rapports de forces sociaux, et qui se retrouve objectivement l’alliée de l’État oppresseur sur le terrain économique et social.
Ce grief fondamental (celui de l’abandon de la société au profit de l’individu ‘bourgeois’) maintenant adressé au courant, il est aussi possible de faire une liste non-exhaustive de ses insuffisances stratégiques et tactiques :

  • Un profond mépris (parfois ouvertement et clairement professé) pour la société, le peuple et ses traditions même les moins offensives. Les leaders du parti communiste soudanais (le plus grand et puissant parti marxiste de la région arabe dans un pays profondément traditionnel) effectuaient la prière hebdomadaire afin d’être proches des préoccupations du peuple;
  • Un courant politique et sociétal qui domine largement tous les instruments de l’hégémonie (à l’exception peut-être notable de la mosquée), sans pour autant qu’il n’arrive à consacrer ses valeurs. D’où cette incompréhension quant à la population qui refuse de les suivre et préfèrerait le discours conservateur. L’incapacité à se questionner sur cet échec relève de l’autisme;
  • Une incapacité à questionner la méthode, de faire le distinguo ente la stratégie et la tactique, à dresser une liste de priorité (de fait, l’accent mis sur la priorité des libertés dites individuelles est de facto un choix excluant celui des droits économiques et sociaux);
  • Le raisonnement en termes de libertés et non de droits. La liberté individuelle étant ultimement conçue comme une action passive et inoffensive pour l’ordre social établi. Le droit étant lui un telos, un processus toujours en régénération. On en vient à cette dichotomie (fallacieuse) qui s’enracine dans l’imaginaire populaire entre les libertés individuelles et les droits sociaux, économiques et sociaux;
  • L’alliance conjoncturelle, de circonstance, stratégique ou de fait avec le despotisme. Beaucoup d’entre les porte-drapeaux du mouvement n’ont de la culture démocratique que le discours (et encore). L’on trouva par exemple un éditorialiste d’un magazine qui se veut le porte-fanion du mouvement écrire qu’il était hélas nécessaire d’emprisonner en masse et torturer des islamistes afin de préserver les libertés..
  • Un aveuglement par rapport à la structure sociale du pays qui ne permettra objectivement pas l’enracinement de libertés individuelles telles que professées. Sans État de droit, sans justice sociale et sans éducation de masse profondément égalitaire, l’exercice des libertés individuelles restera conditionné à la protection et au bien-vouloir du despotisme;
  • L’entêtement à importer des discours tous faits, principalement inspirés de la laïcité française vindicative, jacobine et intolérante, sans comprendre que ce régime de laïcité est dans ses fondements trop imparfait pour être réellement démocratique et qu’il est né dans un contexte historique donné non nécessairement reproductible.
  • Le courant a le talent et les réseaux qu’il faut pour mobiliser les relais internationaux mettant une pression conjoncturelle sur un régime avide exclusivement de son image à l’étranger. Mais ce que le courant gagne en protection étrangère il le perd par contrecoup en termes de soutien populaire sans lequel tout changement réel et pérenne est illusoire.

Je me suis ici abstenu d’évoquer le pendant conservateur du mouvement moderniste, estimant que la critique fondamentale s’applique aussi bien à lui en y rajoutant son dogmatisme et l’intolérance et l’extrémisme de certaines de ses branches. Aujourd’hui au Maroc, la dichotomie islamiste/moderniste est fallacieuse et ne profite qu’au despotisme monarchique. Jamais l’opposition autocratie/démocratie, droits sociaux/domination sociale n’a été autant d’actualité.


Sortir de la « schizophrénie » au Maroc

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05.08.2012 |   Al Ghali Tazi  |    Arabsthink

Le viol, le mariage forcé puis le suicide d’Amina Filali[1], jeune adolescente marocaine de condition modeste, il y a quelques mois, ont indigné certains marocains et en ont « dérangé » d’autres.

Les « trois Maroc »

Une partie des citoyens s’est mobilisée contre la légalisation du mariage qui aurait conduit Amina Filali à se suicider demandant entre autres l’abrogation d’un article[2] dont l’application aurait permis voire contraint Amina Filali au mariage avec son présumé violeur. Ces militants, peu entendus au Maroc avant le 20 février, pas suffisamment représentés, encartés comme trop proches de référentiels d’extrême gauche sont, aujourd’hui visiblement, bien plus nombreux. Face à eux, des membres du PJD soutenus par une partie des citoyens ont tenté de justifier le maintien de cet article.

Il y a quelques années, lors de la réforme de la Moudawana[3], deux marches furent organisées, l’une pour la réforme à Rabat réunissant quelques dizaines de milliers de personnes, l’autre contre à Casablanca réunissant plusieurs centaines de milliers de personnes. La réforme a finalement eu lieu, la volonté royale de la voir aboutir n’ayant pas été étrangère à son adoption.

Le Maroc est un pays où cohabitent, pour reprendre l’expression de Pierre Vermeren, des microsociétés. Une partie des marocains regardent les chaînes arabophones, une autre les chaînes françaises ; une partie des marocains tire son imaginaire conceptuel et idéel principalement du Machreq (l’Egypte et depuis une vingtaine d’années le Golfe) ; l’autre de l’Occident, et plus spécifiquement de la France. Ces deux Maroc peuvent parfois se rencontrer, vivre et faire leurs courses au même endroit, appartenir à une même famille, mais ils ne s’abreuvent pas des mêmes références, ne regardent pas les mêmes programmes télévisés et ne se connectent pas sur les mêmes sites internet.

Ces deux Maroc ne représentent néanmoins pas la majorité de la population, et c’est dans un troisième Maroc que s’identifient la plupart des marocains. Ce troisième Maroc observe le plus souvent une posture mimétique vis-à-vis de l’élite, une élite constituée des deux premiers Maroc – le terme d’élite recouvrant ici les personnes ayant un potentiel perçu et réel d’influence politique et sociale. Ce terme ne doit pas être entendu économiquement dans la mesure où, par exemple, certains acteurs dits « salafistes » ne disposent pas d’un pouvoir économique substantiel mais ont, cependant, un écho considérable dans la société marocaine.

Il est, par ailleurs, tout à fait concevable d’appartenir aux couches sociales les plus aisées et de s’abreuver intellectuellement davantage auprès de l’élite arabophone que de l’élite francophone. Inversement, on peut être issu d’un quartier populaire et adopter des points de vue et des postures libérales.

Ce que certains appellent la « schizophrénie marocaine » est justement l’impression générale qu’incarne par son comportement, ce troisième Maroc. Elle traduit de manière un peu exagérée les conséquences résultant du mimétisme de deux bassins conceptuels (Machreq et Occident, très différents voire antinomiques). Ce mimétisme est très souvent irréfléchi, obéissant notamment à la règle du « leader d’opinion ». Par exemple, en ce qui concerne l’influence islamiste, la « fragilité intellectuelle » est telle que du jour au lendemain certains/certaines adopteront tel ou tel comportement religieux car tel ou tel prédicateur appelle à l’adopter sur une chaîne satellitaire. Du côté des dits « laïcs », on constate l’existence d’un certain nombre de comportements qui de la même manière ne sont pas l’objet, en réalité, d’une appropriation réfléchie.

Le caractère décousu et parfois déconcertant voire contradictoire du comportement de bon nombre de marocains est le fruit de ces références symboliques/culturelles multiples au Machreq ou à la France, terreau idéel de la fameuse skyzophrénie.

L’anecdote qui suit est symptomatique de cet état de fait. Un membre du réseau social « Facebook » réagit négativement à un « statut », appelant à lever l’interdiction pesant sur les relations sexuelles hors-mariage au Maroc, il commente : « la liberté est dans la dénonciation de l’injustice et la corruption et non dans la mouyou’a ». Le terme de Mouyou’a peut se traduire par un mélange d’« impertinence » teintée d’indécence et d’ « absence d’importance ». Cette définition de la liberté est bien loin de celle inscrite dans la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789[4], fondement du corpus conceptuel libéral européen puis onusien. C’est bien cette définition et aucune autre qui irrigue l’imaginaire des peuples européens. Je me permets de la lui rappeler pour être, à chaque réponse, traité de « dogmatique ». J’aurais pu aussi lui rappeler celle de Omar Ibn Al-Khattâb, second calife de l’Islam : « Comment pouvez-vous réduire les gens en esclavage alors qu’ils sont nés libres »[5]. (« en esclavage » politique, mental et social, aurait-on envie de compléter).

Peut-on pour parler d’un (seul) peuple marocain ?

L’identité commune construite autour du référentiel monarchique ou de l’Islam est une chose, mais il en est tout autrement du désir des marocains de vouloir bâtir un avenir commun et solidaire. L’existence d’une telle volonté passe nécessairement par la réunion autour d’un minimum de principes communs d’organisation de la vie politique et sociale.

Au Maroc, cela implique la redéfinition des concepts qui structurent l’imaginaire du Marocain et sont pour la plupart très largement importés tel quel de l’étranger par un processus de traduction-transposition[6]. Il faut rappeler que 60% des marocains ne s’informent ni ne se divertissent auprès des médias télévisuels nationaux[7] alors que la télévision demeure de loin le premier média.

Nous n’entendons pas tous la même chose par « liberté », « démocratie », « religion », « tradition » etc. La redéfinition des référentiels conceptuels et idéels ne peut se faire que par la compréhension des termes utilisés, et par les « laïcs » et par les « islamo-traditionalistes » au sein desquels on peut identifier une infinité de sous-groupes.

Construire une offre conceptuelle et politique adaptée

Le débat pourrait mener vers une transformation-recréation des concepts occidentaux et moyen-orientaux, et il constitue le seul moyen de parvenir à la refondation d’un imaginaire collectif partageant des concepts qui soient issus d’un débat ne laissant personne de côté.

Ce débat passerait notamment par la rencontre et la confrontation des différentes élites. Pour rendre le débat envisageable, les « francophiles » devraient puiser dans le religieux pour déconstruire le discours islamiste et le purifier des raccourcis erronés qui relient de manière questionnable réalité marocaine, morale et islam. Ceux qui se tournent vers des référentiels en provenance du Machreq pourraient quant à eux réutiliser les concepts occidentaux et déconstruire un certain discours transposant les concepts occidentaux ou les référentiels français sans la moindre réflexion.

Cette étape permettrait peut être l’avènement d’une production intellectuelle proprement marocaine. L’ « islam moderne » qui qualifierait le Maroc -selon la Constitution- n’existe pas encore, et c’est aux élites et à tous ceux – élites ou pas- qui souhaitent s’exprimer et y participer de l’inventer. Il ne peut être construit que dans le cadre du débat afin que d’un pays importateur de pensée, le Maroc puisse devenir un pays exportateur de pensée et créer sa propre modernité sur la base d’un bagage idéel précis et défini.

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[1] La véracité de ces faits est contestée par certains

[2] Article 475, alinéa 2, « Quiconque, sans violences, menaces ou fraudes, enlève ou détourne, ou tente d’enlever ou de détourner, un mineur de moins de dix-huit ans, est puni de l’emprisonnement d’un à cinq ans et d’une amende de 200 à 500 dirhams. Lorsqu’une mineure nubile ainsi enlevée ou détournée a épousé son ravisseur, celui-ci ne peut être poursuivi que sur la plainte des personnes ayant qualité pour demander l’annulation du mariage et ne peut être condamné qu’après que cette annulation du mariage a été prononcée.»

[3] Réforme du code de la famille au Maroc en 2004. Durcissement des conditions de polygamie, co-responsabilisation des parents, absence de tutelle nécessaire au mariage, la répudiation est compensée par la reconnaissance d’un préjudice pour la femme, le juge conserve cependant un certain nombre de libertés dans les différents cas

[4] « la liberté consiste à faire tout ce qui ne nuit pas à autrui », article IV de la déclaration universelle des droits de l’homme

[5] « matha stha’âbadthûmû ‘nasa oua kâd ualadathûm ûmahathûhûm ‘ahraran

[6] Terme utilisé par Mohammed Tozy, Monarchie et Islam politique au Maroc.

[7] Affirmation de Mustapha El Khalfi (PJD), porte-parole du gouvernement et ministre de la communication, http://hespress.com/medias/50719.html article en date du vendredi 30 mars 2012


DRONES • Un ancien « pilote » américain raconte

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03.01.2013  |   Nicola Abé  |   Der Spiegel via Courrier International 

Brandon Bryant était pilote de drone au sein d’une unité spéciale de l’armée de l’air américaine. Depuis l’Etat du Nouveau-Mexique, il a tué des dizaines de personnes. Jusqu’au jour où il a déclaré forfait.

 

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Un drone MQ-1 Predator lors d’une sortie d’entraînement sur la base de Creech, dans le Nevada – US Air Force/Brian Ferguson

Pendant plus de cinq ans, Brandon Bryant a travaillé dans un container allongé de la taille d’une caravane, sans fenêtres, à température constante de 17 °C, et dont la porte était condamnée par mesure de sécurité. Devant les yeux de Brandon et de ses collègues scintillaient quatorze écrans. Sous leurs doigts, quatre claviers. Il suffisait que Brandon presse un bouton au Nouveau-Mexique pour qu’un homme meure à l’autre bout de la planète.

A l’intérieur du container, des ordinateurs ronronnent. C’est le cerveau d’un drone. Dans l’US Air Force, on appelle cette pièce un “cockpit”. A cette différence près que les pilotes du container ne volent pas – ils se contentent de piloter.

Brandon était l’un d’entre eux. Il se souvient très précisément des huit que décrivait le Predator dans le ciel afghan, à plus de 10 000 kilomètres de l’endroit où il se trouvait. Dans le réticule du drone, une maison aplatie en terre, avec une étable pour les chèvres, se rappelle-t-il. Lorsque l’ordre de faire feu tombe, Brandon presse un bouton de la main gauche, “marque” le toit au laser, et le pilote assis à côté de lui déclenche le tir à l’aide d’un joystick. Le drone lance un missile de type Hellfire. Il reste alors seize secondes avant l’impact. “Les secondes s’écoulent au ralenti”, se souvient Brandon aujourd’hui. Enregistrées au moyen d’une caméra infrarouge orientée vers le sol, les images sont transmises par satellite et apparaissent sur son moniteur avec un décalage de deux à cinq secondes.

Plus que sept secondes, pas l’ombre d’un humain. A cet instant, Brandon aurait encore pu détourner le missile roquette. Trois secondes. Brandon scrute le moindre pixel sur l’écran. Soudain, un enfant qui court à l’angle de la maison. Au moment de l’impact, le monde virtuel de Brandon et le monde réel d’un village situé entre Baghlan et Mazar-e Charif se télescopent.

Brandon voit une lueur sur l’écran – l’explosion. Des pans du bâtiment s’écroulent. L’enfant a disparu. Brandon a l’estomac noué.

“On vient de tuer le gamin ?” demande-t-il à son collègue assis à côté.
“Je crois que c’était un gamin”, lui répond le pilote.
“C’était un gamin ?” continuent-ils de s’interroger dans la fenêtre de messagerie instantanée qui s’affiche sur leur écran.
C’est alors que quelqu’un qu’ils ne connaissent pas intervient, quelqu’un qui se trouve quelque part dans un poste de commandement de l’armée et qui a suivi leur attaque : “Non, c’était un chien.”

Ils se repassent l’enregistrement une nouvelle fois. Un chien sur deux jambes ? Lorsque Brandon Bryant sort de son container ce jour-là, le cœur de l’Amérique profonde s’étale devant lui : l’herbe drue de la steppe à perte de vue, des champs, l’odeur du lisier. A intervalles de quelques secondes, la tour de radar de la base de Cannon [au Nouveau-Mexique] de l’US Air Force projette un éclair dans le crépuscule. Une guerre est en cours.

La guerre moderne est invisible, la distance lui ôte de sa gravité. C’est une guerre larvée, contrôlée, téléguidée depuis de petites unités high-tech disséminées en différents points du globe. La guerre nouvelle se veut plus précise que l’ancienne. Pour cela, beaucoup la disent “plus humaine”. C’est la guerre d’un intellectuel : plus qu’aucun autre avant lui, Barack Obama l’a encouragée.

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Deux pilotes aux commandes d’un drone Predator en Irak, à la Balad Air Base, en août 2007. US Air Force/CC

Une guerre lointaine et intime

C’est dans un couloir lambrissé de bois sombre du Pentagone, le ministère qui conçoit cette guerre, que les responsables de l’US Air Force ont leurs bureaux. Aux côtés des portraits des chefs militaires, on découvre le tableau d’un Predator, une peinture de drone. Si l’on en croit l’armée, aucune autre invention n’a autant fait la preuve de son utilité ces dernières années dans la “guerre contre le terrorisme”.

L’armée télécommande des drones à partir de sept bases militaires sur le territoire américain, auxquelles il faut ajouter les bases de l’étranger, notamment à Djibouti, en Afrique. Depuis son siège de Langley, dans l’Etat de la Virginie, la CIA opère au Pakistan, en Somalie et au Yémen.

Jusqu’à sa promotion voilà quelques mois au ministère de la défense au poste de responsable de la force d’intervention Drones, William Tart était commandant de la base aérienne de Creech, au Nevada, près de Las Vegas, où il dirigeait l’engagement des drones.

Il évoque l’usage humanitaire des drones après le tremblement de terre de Haïti et les succès militaires pendant le conflit libyen : il raconte comment ses hommes ont détruit un camion qui lançait des roquettes sur Misrata, comment ils ont traqué le convoi dans lequel fuyaient Kadhafi et ses partisans. Il ajoute que les troupes terrestres engagées en Afghanistan ne tarissaient pas d’éloges sur l’appui aérien. “Nous sauvons des vies”, affirme-t-il.

Il sera moins disert sur les exécutions ciblées. Pendant ses deux années à la tête de la base de Creech, il n’a vu mourir que des combattants, jure-t-il. Les cibles n’étaient abattues que lorsque les femmes et les enfants étaient dehors. Quand on lui pose des questions sur la chaîne de commandement, le colonel Tart renvoie à un document de 275 pages énonçant que les attaques de drones sont soumises aux mêmes autorisations que toutes les autres attaques conduites par l’US Air Force. Un officier basé dans le pays en question doit donner son feu vert.

Puis le colonel Tart sort de ses gonds. Il n’aime pas entendre parler de frappes “chirurgicales”. Cela le fait penser à ces vétérans du Vietnam qui lui reprochent de n’avoir jamais pataugé dans la boue, de n’avoir jamais senti l’odeur du sang, de ne pas avoir la moindre idée de ce qu’est la guerre.

Faux, rétorque le gradé. L’heure de trajet qui sépare Las Vegas de son lieu de travail lui a souvent été nécessaire pour prendre du recul. “Nous observons des hommes pendant des mois, nous les voyons jouer avec leurs chiens, étendre leur linge. Nous connaissons leurs habitudes comme nous connaissons celles de nos voisins, nous allons même à leur enterrement.” Cela n’a pas toujours été simple, assure-t-il. “Avec le drone, la guerre a quelque chose de personnel”, fait observer William Tart.

Jamais il n’aurait imaginé tuer tant de gens 

Une maison de bois jaune en périphérie de la petite ville de Missoula, dans le Montana. En toile de fond, des chaînes de montagnes, des bois et des nappes de brouillard. Les premières neiges s’accrochent. Brandon Bryant, 27 ans, est installé sur le canapé de sa mère. Il est revenu vivre chez elle depuis qu’il a quitté l’armée, porte une barbe de trois jours et se rase la tête. “Cela fait quatre mois que je ne rêve plus en infrarouge”, confie-t-il en souriant. Une victoire pour lui.

Il a fait six ans dans l’US Air Force et totalise 6 000 heures de vol. “Pendant ces six ans, j’ai vu mourir des hommes, des femmes et des enfants”, raconte-t-il. Jamais il n’aurait imaginé tuer tant de gens. En fait, il n’aurait même jamais imaginé en tuer un seul.

A la sortie du lycée, Brandon voulait devenir journaliste. A l’époque, il allait encore à l’église le dimanche et “flashait” sur les pom-pom girls rousses. Après un semestre d’études, il avait plusieurs milliers de dollars de dettes.

Son engagement dans l’armée tient du hasard : il accompagne un ami venu signer, entend que l’US Air Force dispose de sa propre université et qu’il pourrait y étudier sans débourser un centime. Brandon se sort si brillamment des épreuves qu’on le destine au service de renseignements. Il apprend à guider les caméras et les lasers d’un drone, à analyser les images du sol, les cartes et les données météo.

Il a 20 ans lorsqu’il participe à sa première mission au-dessus de l’Irak. Ce jour-là, un soleil de plomb brûle dans le ciel du Nevada, mais le container est dans la pénombre. Au Proche-Orient, la nuit se termine. Un détachement de soldats américains regagne son camp de base. La mission de Brandon est de surveiller l’itinéraire, d’être leur “ange gardien” dans le ciel.

Il distingue un “œil”, une forme sur le macadam. “J’avais appris ce qu’était un œil pendant ma formation”, raconte-t-il. Lorsqu’il veut enfouir un engin explosif artisanal sous une route, l’ennemi brûle un pneu pour attendrir le goudron, et la partie brûlée ressemble à un œil.

Le convoi de soldats est encore à plusieurs kilomètres de là. Brandon informe ses supérieurs, qui informent à leur tour le haut commandement. Sa mission, pendant les minutes qui suivent, est de scruter le comportement des véhicules sur place.

“Qu’est-ce qu’on doit faire ?” s’enquiert-il auprès de son coéquipier. Mais le pilote est novice, lui aussi. Impossible d’entrer en contact radio avec les soldats au sol, ils ont activé un brouilleur. Brandon voit un premier véhicule passer sur l’œil. Rien. Un deuxième engin arrive. Brandon voit un éclair sous le véhicule, puis une explosion à l’intérieur. Cinq soldats américains viennent de perdre la vie.

Depuis ce jour, Brandon se dit qu’il a la mort de cinq de ses compatriotes sur la conscience. Il entreprend alors de tout apprendre par cœur, les manuels sur le Predator, sur les missiles. Il se familiarise avec tous les scénarios possibles. Il veut devenir le meilleur pour qu’une telle chose ne se reproduise jamais.

Il travaille jusqu’à douze heures d’affilée. L’US Air Force n’a pas encore assez de personnel pour la guerre télécommandée en Irak et en Afghanistan. Les pilotes de drones passent pour des couards qui se contentent d’appuyer sur un bouton. Le poste a si mauvaise presse que l’on va même chercher des retraités pour l’occuper.


La première fois

Brandon se souvient de son premier tir de missile : deux hommes meurent sur le coup et il assiste à l’agonie du troisième. L’homme a perdu une jambe, il se tient le moignon, son sang chaud ruisselle sur l’asphalte. La scène dure deux minutes. En rentrant chez lui, Brandon appelle sa mère en pleurant. “Pendant une semaine, j’étais comme coupé du reste du monde”, glisse-t-il. Il est attablé dans l’un de ses cafés préférés de Missoula. Ça sent le beurre et la cannelle. Il vient souvent ici, observe les gens, lit des livres de Nietzsche ou de Mark Twain, et change de place – dès qu’il reste trop longtemps au même endroit, il angoisse.

Sa petite amie vient de rompre. Elle lui avait demandé de lui parler de ce poids qu’il avait sur les épaules. Il s’en est ouvert, et elle ne s’est pas sentie de taille, elle ne voulait pas partager ce fardeau avec lui.

Lorsque Brandon traverse sa ville natale en voiture, c’est avec des lunettes d’aviateur sur le nez et un keffieh. Il a tapissé l’intérieur de sa Chrysler des insignes de ses unités. Sur Facebook, il présente une galerie photo de ses médailles, des décorations non officielles qui lui ont été décernées. Il n’a pas d’autre passé que celui-là, qui est à la fois un ennemi contre lequel il doit lutter et un motif de fierté.

Il est envoyé en Irak en 2007. “Prêt à en découdre”, poste-t-il sur son profil Facebook. Depuis une base militaire américaine située à une centaine de kilomètres de Bagdad, il a pour mission de faire décoller et atterrir des drones. Deux ans plus tard, l’US Air Force l’envoie dans une unité spéciale. Il est muté sur la base de Cannon. Là, il partage un pavillon avec un de ses collègues dans la petite ville poussiéreuse et très isolée de Clovis, laquelle se compose essentiellement de caravanes, de stations-service et d’églises évangéliques.

Brandon préfère l’équipe de nuit, car il fait alors jour en Afghanistan. Au printemps, le paysage afghan lui rappelle son Montana natal, avec ses sommets enneigés et ses vallées verdoyantes. Il voit les gens travailler aux champs, les jeunes jouer au football, les hommes embrasser leurs femmes et leurs enfants.

Lorsque la nuit tombe, Brandon enclenche la caméra infrarouge. En été, de nombreux Afghans dorment sur leur toit, à cause de la chaleur. “Je les voyais faire l’amour. Ce sont deux points infrarouges qui fusionnent.” Il observe certaines personnes pendant des semaines, notamment des talibans qui dissimulent des armes, ou ceux qui figurent sur une liste parce que l’armée, les services secrets ou des informateurs présents sur place savent quelque chose à leur sujet.

“J’apprenais à les connaître. Jusqu’à ce que quelqu’un placé plus haut dans la hiérarchie donne l’ordre de tirer.” Le fait de priver des enfants de leur père lui donne mauvaise conscience. A ses heures perdues, Brandon joue aux jeux vidéo ou à World of Warcraft sur Internet, ou va boire un verre avec les autres.

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Un drone survole l’Afghanistan – US Air Force/CC

Une mère pilote 

A Holloman, une base de l’US Air Force située au Nouveau-Mexique, le major Vanessa Meyer – [sur son uniforme vert de l’armée de l’air] son vrai nom est recouvert d’un ruban adhésif noir – présente la formation des pilotes de drones. En 2013, l’US Air Force devrait enfin bénéficier d’effectifs suffisants pour répondre aux besoins.

Gloss sur les lèvres et diamant au doigt, Vanessa Meyer, 34 ans, a piloté des avions-cargos avant de téléguider des drones. Aujourd’hui, elle est formatrice. Revêtue de son uniforme, elle a pris place dans le cockpit d’entraînement et fait une démonstration de téléguidage d’un drone au-dessus de l’Afghanistan. Sur le moniteur, le réticule suit un véhicule blanc jusqu’à un village de maisons en terre. Le joystick oriente l’appareil tandis que la main gauche actionne le levier permettant de contrôler la vitesse. Sur un terrain d’aviation situé derrière le container, Vanessa Meyer nous présente le Predator, un oiseau délicat et argenté, et son grand frère le Reaper – la Faucheuse –, qui transporte quatre missiles et une bombe : “D’excellents appareils. Sauf par mauvais temps, auquel cas on ne peut pas les utiliser.”

C’est non loin de Las Vegas, depuis la base de Creech, qu’elle pilotait ses drones, même quand elle était enceinte de son premier enfant. Au neuvième mois de grossesse, elle était encore dans son cockpit, le ventre appuyé contre le clavier. Quand on planifie une attaque [de drone], dit-elle, il n’y a “pas de place pour les sentiments”. Naturellement elle sentait bien, alors, que son cœur battait plus fort et que l’adrénaline se diffusait dans son corps. Mais elle s’en tenait rigoureusement aux consignes, se concentrait sur le positionnement de l’appareil : “Quand l’ordre tombait et qu’il s’agissait d’un ennemi qui l’avait mérité, cela ne me posait aucun problème.”

Chez elle, il n’y a pas de place pour la méchanceté de ce monde. Avec son époux, un pilote de drone, elle ne parle pas travail. Elle regarde des dessins animés en pyjama à la télé ou joue avec son bébé. Aujourd’hui, Vanessa Meyer a deux enfants en bas âge. Elle veut leur montrer que “maman fait du bon travail”. Son emploi actuel de formatrice lui apporte beaucoup de satisfaction, assure-t-elle. Mais elle aimerait revenir aux opérations de combat.

Un jour, il s’est effondré 

Un beau jour, Brandon Bryant n’a plus eu qu’une seule envie, partir, faire autre chose. Il avait été renvoyé à l’étranger quelques mois, en Afghanistan cette fois. A son retour au Nouveau-Mexique, il s’est mis à haïr ce cockpit qui sentait la sueur et qu’il aspergeait de désodorisant. Il voulait sauver des vies humaines, se disait-il, et non les détruire. Organiser des stages de survie, par exemple. Ses amis ont essayé de l’en dissuader.

Les jours où il trouvait le temps long, il écrivait son journal dans le cockpit : “Sur le champ de bataille, il n’y a pas de belligérants, juste du sang, la guerre totale. Je me sens tellement mort. Je voudrais que mes yeux se décomposent.” Il se disait qu’ils ne le laisseraient faire autre chose que s’il avait la forme physique ad hoc. Le problème, c’est qu’il était plutôt bon dans ce qu’il faisait.

Et puis, un jour, il n’a plus éprouvé le moindre plaisir à retrouver ses amis. La jeune fille qu’il fréquentait s’est plainte de ses accès de mauvaise humeur. “Il n’y a pas d’interrupteur, je ne peux pas changer comme cela”, lui a-t-il rétorqué. Quand il rentrait chez lui et ne parvenait pas à dormir, il faisait de la muscu. Il a commencé à répondre à ses supérieurs.

Et puis un jour il s’est effondré au bureau, s’est plié en deux, a craché du sang. Le médecin lui a prescrit un arrêt de travail. Il pourrait revenir lorsqu’il dormirait plus de quatre heures par nuit pendant quinze jours d’affilée.

“Six mois plus tard, j’étais de retour dans le cockpit à faire voler des drones”, raconte Brandon, installé dans le salon de sa mère, à Missoula. Son chien gémit et appuie sa tête contre sa joue. Brandon n’a pas encore récupéré ses meubles. Ils sont au garde-meubles et il n’a pas d’argent pour régler la facture. Il n’a plus que son ordinateur.

La nuit précédant notre entrevue, Brandon a posté un dessin sur Facebook. On y voit un couple d’amoureux se tenir par la main dans une prairie verdoyante, le regard tourné vers le ciel. Dans l’herbe, un enfant et un chien sont accroupis. Mais cette prairie ne représente qu’une partie du monde. Dessous, on voit une marée de soldats à l’agonie qui tentent de soutenir la prairie avec la dernière énergie, une marée de cadavres, de membres arrachés et de sang.

Les médecins du département des anciens combattants lui ont diagnostiqué un syndrome post-traumatique. L’espoir d’une guerre confortable, sans séquelles psychologiques, a fait long feu. Le monde de Brandon s’est confondu avec celui de ce petit Afghan, comme s’il y avait eu un court-circuit dans le cerveau du drone.

Pourquoi Brandon Bryant a-t-il quitté l’US Air Force ? Un beau jour, il a compris qu’il ne signerait pas le nouveau contrat qu’on lui proposait – le jour où il est entré dans le cockpit et s’est entendu dire à ses collègues : “Hey, lequel de ces fils de pute on se fait aujourd’hui ?”


النزعة الآرية المغربية و عصابة إبليس

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17.01.2013   |  الدُغبوش |    eplume.wordpress.com  

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حين تسمع عبارة عادية من فرط تكرارها، وهي  » الأغنية المغربية » فأول ما يتبادر إلى ذهنك هو جوق من عازفي الكمنجات يتقدمه الدكالي أو بلخياط، أو فريق من المطربشين يعزفون الأندلسي.

 وحين تفكر دون حاجة إلى إغلاق عينيك، في ماهية « الأدب المغربي » تتقاطر على مخيلتك أسماء كتاب محددين يكتبون بالعربية الكلاسيكية.

وكأن الأغنية الأمازيغية ليست مغربية.
وكأن من يبدع بالأمازيغية أو الدارجة شعرا أو نثرا ليس مغربيا.
وكأن أحواش أو أحيدوس تراث بيزنطي.


إنها هوية مخزنية اصطنعها النظام تقتصر على اعتبار المغربي كل ما هو قادم من مثلث فاس الرباط الدار البيضاء.هوية لغتها العربية الكلاسيكية أو إن اقتضى الحال دارجة عجيبة كالتي يستعملها ممثلو الأفلام الركيكة بالقنوات الرسمية : » ويلي نسيت مفاتيح السيارة « مثلا…

إنها نزعة اَرية مغربية مبنية على تمركز للذات وعنصرية مقيتة تجاه ثقافات مغربية أخرى تعتبرها أدنى منها ( أمازيغية، حسانية، عْروبية)… و على تشبث مرضي بالملكية وفهم مثير للشفقة للتاريخ و الواقع، و أيضا على معاداة فجة للجزائر شعبا و دولة،ومعاداة منافقة للاسبان و احتقار بغيض لذوي البشرة السوداء سواء كانوا مغاربة أو أفارقة.
تندفع الآرية المغربية في العروق مجرى الدم و سرعان ما تهتف الحناجر الصامتة دوماً و أبداً ضد السوسي و الريفي و الصحراوي و خصوصا الجزائري كما تهتف في المناسبات الكروية المعتادة ضد السينكالي و التونسي و المصري .. علي أن أعترف أنه من الرائع أننا لا نتأهل لبطولات الرياضة إلا لِماماً و كأنها عناية السماء تدخلت لتحمي سكان أفريقيا مرة أخرى من تسلكيط و فرعنة و تخرميز المحلل الرياضي المغربي و المثقف المغربي و سائق الطاكسي المغربي .. أدامتها السماء نعمة عليكم يا سكان أفريقيا!


نزعةٌ تنزع عن المُعارض المُطالب بحق اجتماعي أو سياسي هويته المغربية و تدسه بين الخونة و « مساخيط سيدنا. »

كما تنزعها عن كل مختلف عن صورة المغربي النمطية،سواءٌ كان امرأة متحررة أو معتنقا للمسيحية،أو مثليا أو حتى مسلما تميز عن إسلام الدولة المحدد بصرامة في المذهب المالكي و العقيدة الأشعرية وصوفية الجُنيد.

غير أن الوطني المغربي الحقيقي هو الذي يصرخ في الشوارع صادحا بالحق،مطالبا به،بلا صورة للملك ولا علم أحمر،هو من تسيل دماؤه تتشرف بها عصي الشرطة و المخازنية.
القابض على جمر اختلافه.

أنا على يقين أنني لو جلست وجهاً لوجه أمام كارل يونغ و نيتشه و كافكا لاعترفوا بالتقصير و بالعجز عن فهم الآرية المغربية التي لديها كل كبرياء و صلف و غرور نظيرتها النازية, و لكنها حتى و هي في حالة التجبر تلك, ما تحركت أبداً في إتجاه عدوها الأشد خطراً, بل تبدأ دوماً من حيث يجب أن تنتهي…

بمعنى آخر, الآرية المغربية جبانة و لا تملك إلحاق الأذى بالآخرين لأنها لا تأمن ما سينالها من أذى مستحق, هي وهم فاشل بنهاية المطاف كما هي القومية السياسية الإستعمارية النازية و الصهيونية و العُروبية, و مازالت تنتشر بإستمرار – إن كنتم قد لاحظتم – وسط تلك الشريحة شديدة الإتساع و التي تشمل كل من أنصاف المتعلمين ومحبي الملك و طبقة المسلسلات الرمضانية و غير الرمضانية و طبقة متابعي الصحف الرسمية و نسبة لا بأس بها من الكتلة الصامتة…

تلك الروح الآرية الجرثومية تعلم – أو لا تعلم – أن اتفاقية الدفاع المشترك بين المغرب و فرنسا تجبره على وضع كامل ترابه و إمكانياته للسفير الفرنسي المبجل،و أن محكمة لاهاي حكمت بعدم وجود رابط بين سلطان المغرب و قبائل الصحراء غير رابط ديني متلاشي لا يدل على سيادة تماما كالذي يجمع البابا مع كاثوليك البرازيل ،أنه لا توجد دولة في العالم تعترف بالسيادة المغربية على الصحراء،حتى الدول الحليفة له،وأن وزارة الخارجية المغربية نفسها تستعمل مصطلح  » الصحراء الغربية » في مراسلاتها،وأن من يراقب الجو هناك سلطات جزر الكناري، وأن النظام على وشك التنازل عن الصحراء مقابل بضع اتفاقيات ومصالح،و أنه ممنوع من إقامة أي مطار عسكري على مقربة من سبتة و مليلية أو حتى مركز شرطة دون إذن من إسبانيا، و أن الإسبان بإمكانهم استغلال البحر وقتما يشاؤون. وذلك وحده « مسخرة » كافية إلى جانب باقي أخريات ترتبت على الإتفاقية الثلاثية لتقسيم الصحراء و اتفاقية فض الإشتباك عام 91 مع الجبهة الشعبية لتحرير الساقية ووادي الذهب، الممثل الشرعي و الوحيد للصحراويين حسب الأمم المتحدة.

لو إبليس تزعم عصابة خارجين على القانون على يميني و أصحاب الوطنية الاَرية المخزنية الكاذبة على يساري .. بدون تفكير سيكون الدغبوش مع إبليس!


Histoire d’Al-mawlid al-nabawî ou Nativité du Prophète au Maroc

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24.01.2013  | Mohammed Nabil Mouline  |   eplume.wordpress.com

ahmad almansur adahbi

Al-mawlid al-nabawî ou Nativité du Prophète, célébré le 12 rabî‘ Ier de chaque année, fut introduit officiellement par la dynastie shiite des Fatimides au Xe siècle. Commémoration palatine réservée exclusivement aux élites, cette fête était une occasion pour les souverains d’affirmer leur ascendance sacrée en tant que descendants du Prophète, de renforcer leur pouvoir symbolique en tant que continuateurs de son œuvre et de s’attacher les notables à travers l’organisation de banquets et la distribution de généreux présents.

Après la disparition de la dynastie fatimide en 1171 et la réintégration de son empire dans le monde sunnite sous l’égide de Saladin (1171-1193), le mawlid fut adopté progressivement par les sunnites. Ce fut sous l’impulsion de Muzaffar al-dîn Gökburi (m. 1233), prince de la ville d’Erbil, que le mawlid fut définitivement intégré dans la tradition sunnite. En effet, Ce dernier organisait tous les ans une fête palatine, à l’instar des Fatimides, mais aussi une fête populaire qui attirait des visiteurs de toute la région. Cette fête populaire était caractérisée par une procession de cierges, inspirée probablement des rites chrétiens autochtones, un grand banquet et une grande veillée spirituelle.

Ce culte-fête fut introduit au Maroc au début du XIIIe siècle par le juge de la ville de Ceuta, Ahmad al-Lakhmî al-‘Azafî (m. 1236). Dans son ouvrage intitulé al-Durr al-munazzam fî mawlid al-nabî al-mu‘azzam, al-‘Azafî, en défenseur de l’orthodoxie, constata amèrement que les musulmans de la région célébraient chaque année plusieurs fêtes chrétiennes, notamment Noël, ce qui constituait une bid‘a ou innovation blâmable. Il décida alors d’agir en favorisant la célébration de la Nativité du Prophète de l’islam comme une alternative « licite » à ces fêtes païennes. Pour ce faire, il mena une véritable campagne d’acculturation parmi la population de sa ville et particulièrement dans les écoles coraniques. Il essaya même de faire du mawlid un jour férié. L’adoption de cette fête à Ceuta puisa donc ses racines dans des causes culturelles et religieuses. L’élite religieuse, sentant le péril chrétien de plus en plus proche, chercha des repères identitaires à la fois pour cimenter les populations musulmanes et pour les rassurer de leur avenir. Le mawlid sembla être l’un de ses moyens salvateurs. Car la défaite de Las Navas de Tolosa en 1212, qui ouvrit la voie à l’émiettement du système idéologique et califal des Almohades et au déclin progressif de la présence islamique en Andalousie, fut le point de départ d’une longue mutation socioreligieuse et d’une profonde crise politique.

Les vœux du juge Ahmad al-‘Azafî de faire du mawlid une fête religieuse populaire se réalisa quelques années plus tard, quand son fils Muhammad (m. 1279) devint émir de Ceuta en 1250. Celui-ci, pour des raisons aussi religieuses que politiques, fit de la Nativité une manifestation solennelle et populaire. Sans aucune légitimité politique, le nouveau prince, initia une politique sharîfienne qui faisait du culte du Prophète et du respect de ses descendants un de ses piliers. Outre les avantages matériels et moraux octroyés aux shurafâ’ de la ville issus de la branche des Siqilliyûn, Muhammad al-‘Azafî fit de la Nativité du Prophète un jour férié pendant lequel il organisa de somptueuses fêtes et distribua de l’argent et de la nourriture. L’excès de zèle du nouveau converti poussa même ce prince à vouloir diffuser la célébration du mawlid dans l’ensemble du Maroc et réussit à convaincre le calife almohade al-Murtadâ (1248-1266) de la fêter solennellement à Marrakech.

Toutefois, le mawlid n’intégra définitivement le calendrier des fêtes marocaines que sous les Marînides. Sans assises idéologiques, ces derniers s’appuyèrent essentiellement sur l’establishment mâlikite et adoptèrent à grande échelle la politique sharîfienne inaugurée quelques décennies auparavant par les ‘Azafides. Le mawlid fut consolidé et généralisé par le sultan Yûsuf (1286-1307) à partir de 1290 grâce l’influence de l’émir de Ceuta. L’évolution de la fête du mawlid allait de pair avec le développement de la politique sharîfienne des Marînides et de leurs ambitions califales, hégémoniques et expansionnistes. Il n’est pas donc étonnant de voir la forme la plus aboutie de cette commémoration sous le sultan Abû al-Hasan (1331-1348) et son fils Abû ‘Inân (1348-1359) qui justement portèrent ces ambitions à leur paroxysme en menant la conquête du Maghreb.

Au tournant du XVe siècle, le système politique marînide s’épuisa à cause de plusieurs problèmes structurels. N’ayant plus d’ambitions califales ni de projets expansionnistes, les souverains marînides, notamment Abû Sa‘îd III (1398-1420), abandonnèrent petit à petit leur politique sharîfienne, trop coûteuse politiquement et financièrement et abolirent par là les célébrations officielles du mawlid. Toutefois, l’abolition des cérémonies officielles n’empêcha guère la perpétuation des manifestations populaires tout au long du XVe siècle et au début du XVIe siècle comme le décrivent plusieurs chroniqueurs contemporains dont le plus célèbre est Léon l’Africain.

L’avènement de la dynastie sharîfienne des Zaydanides en 1510 ne sembla pas avoir affecté le déroulement des réjouissances et des manifestations populaires à l’occasion du mawlid. Cependant, aucune cérémonie officielle ne fut signalée par les sources arabes et européennes que nous possédons. Tout porte alors à croire que les premiers souverains zaydânides ne jugèrent pas bon de faire de la Nativité une fête étatique qui célébrerait tant le Prophète que ses descendants maintenant au pouvoir.

Nous pouvons donc avancer avec certitude que ce fut le sultan Ahmad al-Mansûr al-Dhahabî (1578-1603) qui réintroduisit le mawlid comme l’un des principaux usages de la cour marocaine. Aspirant à légitimer son pouvoir en tant qu’héritier temporel et spirituel du Prophète, al-Mansûr ne pouvait, avec sa grande culture classique, négliger une telle manifestation qui pouvait donner lieu à une énième mise en scène de ses prétentions califales et consacrer l’État-théâtre qu’il comptait élaborer.

Sans négliger le sentiment religieux du sultan, qui paraît sincère, le mawlid fut utilisé principalement comme un instrument politique pour affirmer sa légitimité politico-religieuse devant l’élite et un support efficace de la diffusion de son idéologie califale parmi la population qui participait activement à l’événement. On pourrait même affirmer que la dévotion à la personne du Prophète n’était qu’un prétexte pour rendre hommage à son descendant dont la légitimité ne pouvait être que renforcée et l’assise sacralisée. Un événement politico-religieux aussi important pour al-Mansûr nécessitait une organisation minutieuse qui ne laissait rien au hasard et qui durait plusieurs mois.
Environ six mois avant la commémoration, les ateliers sultaniens spécialisés dans la fabrication des cierges commençaient à fabriquer un grand nombre de lumignons, grosses lanternes à chandelles en bois recouvertes de papier blanc et garnies de dentelles et de broderies de différentes couleurs de cires.

A l’approche du mois de rabî‘ Ier, la chancellerie sharîfienne, sur ordre du sultan, envoyait des invitations nominales aux soufis et aux muezzins qui possédaient les plus belles voix du pays pour venir chanter les louanges du Prophète le jour du mawlid. Nous supposons que les invitations étaient également envoyées aux dignitaires religieux, civils et militaires de toutes les provinces du sultanat. Deux jours avant le mawlid, des dons gracieux étaient distribués aux principaux shurafâ’ du pays.Le soir du 11 rabî‘ Ier, une procession solennelle était habituellement organisée dans l’enceinte de la capitale sultanienne, Marrakech. Encadrée par une imposante escorte menée par ‘arîf al-ashghâl (maître d’œuvres et chef des ateliers sultaniens), plusieurs dizaines de cages à cierges, portées par six à huit captifs et des porteurs professionnels, devaient être transportées en cortège de leur lieu de fabrication vers le palais al-Badî‘ en passant par les principales avenues de la ville. Ce cortège, accompagné d’un groupe de musiciens jouant du tambour et de la trompette (al-Tabl wa al-ghita), attirait une foule énorme qui admirait le spectacle. Le parcours de la procession se terminait dans le palais où les lanternes étaient placées dans des estrades spécialement aménagées devant la salle d’audience du sultan ou mishwar. Les festivités populaires continuaient toute la nuit, notamment dans les mosquées, les mausolées et les zâwiyya-s.

Après l’annonce de la prière de l’aube, le sultan-sharîf sortait de ses appartements, tout de blanc vêtu, pour diriger la prière dans la mosquée de la citadelle. Entouré de sa garde prétorienne, il s’installait ensuite sur son farash dans la grande salle d’audience, parfumée d’ambre et de bois d’aloès. C’était alors que les dignitaires étaient autorisés à pénétrer dans la salle et prendre place selon leur statut social. Les représentants des tribus, les notables de rangs inférieurs et une partie, sans doute choisie, de la population prenaient place dans la grande cour du palais.

Un wâ‘iz ou prédicateur ouvrait la cérémonie officielle par un discours sur la naissance, l’enfance, les vertus et les miracles du Prophète et la lecture de la kurrâsa d’Ibn ‘Abbâd. Venaient ensuite des groupes de munshidûn ou musmi‘ûn qui chantaient des poèmes à la gloire du Prophète. Ils étaient relayés par les membres des confréries qui déclamaient les poèmes du mystique al-Shushtarî (m. 1269) consacrés à la célébration du mawlid. Les poèmes d’al-Shushtarî fermaient pour ainsi dire la partie strictement religieuse de la cérémonie. La place était libre pour que les poètes de la cour qui venaient réciter les poèmes composés spécialement pour l’événement s’exprimassent. Ces poèmes, appelés mawlidiyyât, comportaient généralement deux parties : un panégyrique du Prophète, suivi d’un éloge du sultan, son descendant et son vicaire. La partie consacrée à l’éloge d’al-Mansûr s’attachait généralement à retracer religieusement, biologiquement, spirituellement et politiquement une filiation directe entre le sultan et son auguste aïeul. Elle s’attachait également à diffuser dans les milieux savants et lettrés l’idéologie califale du sultan en mettant en valeur ses vertus, ses talents et ses œuvres politiques et en exposant d’une manière poétique les aspirations et les ambitions universalistes de leur maître.

A la fin de ces joutes littéraires, le sultan offrait à tous ses hôtes un grand banquet. Il y participait lui-même et partageait le repas avec quelques dignitaires triés sur le volet. La fin du repas était marquée par la distribution de friandises. La cérémonie s’achevait sur un remerciement de Dieu et une invocation en faveur du sultan. L’après-midi du même jour le sultan distribuait les gratifications aux poètes et les robes d’honneurs aux élites du sultanat. Il distribuait également de grandes sommes d’argent aux nécessiteux dans les différentes régions du pays. Les festivités et les réjouissances populaires et officielles se poursuivaient comme à l’époque marînide pendant une semaine.

Mohammed Nabil Mouline, Enseignant-chercheur à Sciences Po Paris.
Auteur du livre « Le califat imaginaire d’Ahmad Al-Mansûr ; pouvoir et diplomatie au Maroc » paru aux éditions Proche Orient.


الأتباع والمتمردون

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28.01.2013   | فاطمة الافريقي  |    eplume.wordpress.com


FATIMA alifrikiمن يغير العالم ،هل الأتباع أم المتمردون ؟ .. ومن يغني الفكر الانساني، هل الشك أم الايمان المطلق بالمقدسات ؟.. من يسقط الاستبداد ،هل الثائرون أم المهادنون ؟ من يحارب المنكر ، هل الجهر بالحق أم أضعف الايمان ؟.. ومن يرسم الحرية ،هل علامات الاستفهام أم نقط النهاية ؟؟…
كيف كان سيكون العالم بدون مشككين يطرحون الأسئلة الممنوعة ،ويثيرون الجدال الفكري حول الوجود و القيم والأخلاق والسلطة والأعراف والمسلمات المتوارثة والمقدسة ؟ ..وأي طعم للحياة بدون ازعاج الفلاسفة واستفزاز الأدباء و جنون الشعراء وشغب الفنانين وغضب الفقراء ؟ وهل كان الانسان سيتطور علميا وطبيا وتقنيا وصناعيا لو لم يتمرد على خوفه من الطبيعة وحاول فهم الكون وقانون الخلق والحياة والجاذبية ؟ وما قيمة الانسان اذا استكان لما هو كائن ولم يتطلع للسعادة والحياة الكريمة ، و لم يتمرد على البؤس والألم والجهل و الظلم والعبودية ؟.
لحسن الحظ أن هناك متمردون مشاكسون وثائرون ضد الجمود الفكري عبر الأزمنة والأمكنة ،حرروا الانسان و أغنوا الحضارات ببصماتهم الفكرية والعلمية .. ومن نعم الله على الشعوب المتقدمة والمتحررة ،أن خلق بينها عقولا متنورة تمردت على المسلمات الخرافية، وثارت ضد الافكار الظلامية ،وكسرت قيود الطغاة، وقادت مسيرات التحرر في أوطانها من أجل العدالة والكرامة ، وبفضلها أصبحت اليوم مثالا تحلم به الشعوب المضطهدة.

اذا كان هاجس البلدان الديمقراطية عبر احترامها للحقوق والحريات، هو اعداد مواطنين يجادلون ويسألون وينتقدون، ويحتجون ويتمردون ويعبرون ويبدعون الافكار ويقترحون ويختارون بحرية .. فهاجس البلدان المتخلفة والمستبدة هو اعداد مواطنين صامتين مطيعين شاكرين مستهلكين تابعين موالين و لامبالين ،ومرددين متناغمين في فرقة كورال منسجمة من المادحين.. وكل من غرد خارج سرب الفرقة أغنية ثائرة ، أورفع صوته منتقدا لصوص الحلم والقيم والحقوق ، فهو متآمر و خائن وكافر ، ومتمرد على الأخلاق ، وعاصي لولي الأمر ،ومحب للفوضى والفتنة . فالأتباع الصامتون هم المواطنون الصالحون ، والمتمردون الرافضون هم مجرد مجرمين خارج القانون .

يصور « علي عزت بيغوبيتش  » في كتابه  » الاسلام بين الشرق والغرب » الأتباع والمتمردين تصويرا عميقا حين يقول .. »هناك بعض الناس من يتمتعون بعقلية الاتباع … فهم يحبون الامن والنظام والمؤسسات والثناء من رؤسائهم ، وأن يكونوا موضع عطف منهم …يحب الأتباع أن يكون عليهم سلطة ، ويحب أصحاب السلطة أن يكون لهم أتباع … » .

أما المتمردون الثائرون المنتفضون ضد السلطة، والمشاكسون المزعجون الخارجون عن الصفوف والرافضون للطقوس والأعراف البالية والمتوارثة ، فيصفهم  » علي عزت بيغوبيتش  » بشاعرية وإعجاب و يقول عنهم – »يوجد أناس أشقياء ملعونون، في ثورة دائمة ضد شئ ما، يتطلعون إلى شئ جديد على الدوام . إنهم قليلا ما يتحدثون عن الخبز و لكنهم يتحدثون عن الحرية كثيرا … هؤلاء الهراطقة الخارجون لا يحبون السلطة ولا تحبهم السلطة. »

ويختم مقارنته البليغة بقوله  » … في الأديان، يوقر الأتباع الأشخاص والسلطات والأوثان ، أما عشاق الحرية المتمردون ؛ فإنهم يمجدون الله فحسب « .

فيا ليتنا شعب من الأتباع نكتفي بتوقير الاشخاص والسلطات والأوثان ونصمت ..الآفة هو أننا نصفق وننحني اجلالا .


مراكش دار الشياطين.. مراكش دار المرابطين

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01.02.2013   | Reda Ait Mansour  |    eplume.wordpress.com

Marrakech destination reve jet set pedophilie grandeur mepris مراكش دار الشياطين.. مراكش دار المرابطين.. مراكش أرض الجهاد.. مراكش مأوى الفساد.. مراكش مصنع الرجال.. مراكش مرتع البغاة.. مراكش معراج السالكين.. مراكش ملتقى الساقطين.. مراكش أرض التناقضات..

وأنا أقرأ اليوم كلاما للدكتور فريد الأنصاري عن مدينة أدرنة في تركيا -مولد محمد الفاتح ومنطلقه في فتح القسطنطينية- وما أصابها من فساد بعد أتاتورك، وجدت قلبي يتذكر مراكش.. مراكش التي رُزئنا فيها شر رزيئة وحسبنا الله.. وجدت قلبي يبكي على أحوالها.. بل بكيت لجراح المدينتين.. توأمتين أنارتا من مشكاة واحدة.. وحال عليهما ظلام واحد.. فلا فرق في الظلام بين أحمر وأبيض.. مدينتان يحاكي تاريخ إحداهما الآخر.. فحاكيتُ أنا قصة أدرنة بقصة مراكش..

مراكش لي معها علاقة خاصة، أُعجب بها جدي فسكنها وابتاع بها رياضا لما كبر أولاده واحتاجوا الدراسة.. فيها درس أبي حتى الشهادة الابتدائية، وفيها عمل عمي وتزوج وكبر اولاده، وفيها كنت أمضي شطرا من العطل الدراسية، وفيها عرفت السيدة الفاضلة الخالة « عبوش » زوجة عمي بقية كرائم الخلافة، وبها درست شطرا من دراستي الجامعية، وفيها عرفت دور القرآن بعد بني ملال، فيها عرفت علوم التوحيد و الفقه والحديث والتفسير..

وفيها رأيت المناكير التي لم أتصور أن أراها يوما وأنا ابن البلدة المحافظة المراعية للأخلاق والفضيلة لدرجة أن أهلي لم يرضوا أن يؤجرا بيتا لأعزب.. فيها خدش حيائي بعنف وجرح لا يندمل.. فيها بكيت حر قلبي.. ولا زلت أرى ما ليس يُرى فأبكي..

مراكش مدينة غير عادية.. لم يزل عمرانها يتربع على موقع استراتيجي مهم، تماما في وسط المسافات بين الجنوب قدوما من هضبة شنقيط وصحراء أزواد صعودا إلى شمال المغرب والأندلس.. ثم بين ثغور الجهاد البحري في الساحل الأطلسي بالصويرة وآسفي والجديدة وبين واحات العلم والدعوة والزهد بتافيلالت (سجلماسة) إلى تلمسان..
مراكش بموقعها الجيوسياسي ذاك تذكر المسلم البصير اليوم بالتاريخ الذي كان ويكون.. تجعلك تحس أنك امتداد ولست لقيط تاريخ..

أي مؤمن -حق مؤمن- يدخلها اليوم ولا يشعر بسياط الأسى تنهال على ظهره وفوق كتفيه ؟! أي لطمة يتلقاها وهو يدرك أنه وارث ضعيف غير مكين ؟! حول مسجد الكتبية يجول الإفرنج وفسقة البلاد عراة بعهر وكفر ! والمسجد يشكو بثه وحزنه إلى الله، وينادي في صيحاته الخمس: « حي على الجراح! حي على الجراح! ».. وليس يسعفه أحد..!!

مراكش عاصمة المرابطين.. وعرين الأسود.. ومصنع الرجال والأشبال.. بناها أمير المسلمين يوسف ابن تاشفين.. ومنها أعاد هو وجنوده فتح الأندلس.. « فنعم الأمير أميرها.. ونعم الجيش جيشها »

اتخذها أمراء المرابطين والموحدين عاصمة لهم ومنطلقا للجهاد والعلم والدعوة.. لم تكن عروشهم سوى ظهور خيلهم، ولم تكن حليهم وزينتهم سوى سيوفهم وتروسهم، ولم يعزفوا سوى قوارع التكبير والتهليل.. انطلقوا أولا من صنهاجة، تحديدا قرب « تين دغا » (تقرؤ اليوم تَنْدرَة) في ما يعرف اليوم بشنقيط، حيث أَڭدَال (بإشمام سكون ال ڭ ضمة) عشيرتهم وحمى قبيلتهم.. ثم تقدموا داعين مجاهدين حتى فتحوا إيدجيل وتيغازا و أَوْداغُست جنوبا و برغواطة وتمسنا ومصمودة وغمارة شمالا ومغراوة وزناتة شرقا، واستقروا بأغمات.
أغمات موقع محاصر بعلو جبال الأطلس الكبير وثلوجه و برده، فاختاروا أن يُأسسوا عنها في سهل أفسح حاضرة الدين والجهاد والعلم والدعوة، مراكش البهيجة..
منها انطلقوا لإنجاد المسلمين بأرض الأندلس ليملكوها بعد بضع سنين.. وأعاد الله بهم مجد الإسلام وعدله وهيبته في هذه الأرض المباركة، وظلت مراكش أميرة وعاصمة من العواصم في العلم والزهد والرباط والجهاد والحكم والأمجاد والمكارم لقرون بعد ذلك تلت تعلو فيها راية الإسلام حتى في عهد الموحدين والسعديين..

ثم جاء ملوك متأخرون تعرف منهم وتنكر.. تقاعس أكثرهم عن الجهاد واقتحام القمم الرواسي، واخلدوا إلى زينة الكراسي بل وسفكوا لأجلها الدماء.. فقضى الله أمره ورفع نصره، ثم تداعت الأكلة إلى قصعتها.. ودخل الفرنجة ألأنجاس حوالي سنة 1906 حمى مراكش الحمراء ونزفت عفتها وحرمتها.. وكان في قلوب الشياطين عليها حقد دفين وثأر قديم، فما أن تمزقت بردة إمارة المسلمين عن مراكش وعرتها معاهدة الحماية عام 1912 حتى نشبت الشياطين أظافرها فهتكت حجابها ودنست عرضها..

صارت مراكش اليوم سوقا للرذيلة ومحجا للعهر، و زاحمت الخمارات المساجد والناس ما عادوا ينكرون.. ترامت النفوس الدنيئة على فنادقها و أحيائها ليجعلوها مرتعا للخنا ويفسدوا البلاد والعباد، يشربون ويرقصون ويزنون ويسرقون.. بل صارت مهجرا لصعاليك الأوربيين والأمريكان قبل أثريائهم، بما يحملون من عدوى التميع والانحلال الخلقي، فاشتروا كل شيئ، كل جدار وكل غرفة وكل نافذة وكل عرض وكل ذمة وكل كرامة مقابل المال، صرت لا تجد « رياض » واحدا ليس نزلا للمتعة، بل منها ما هو وكر للواط.. وأغلقت دروب بكاملها في المدينة القديمة لا يدخلها عربي، لأنها صارت ملكا ليهودي أو نصراني !!

أكثر أهل مراكش اليوم في أريحية من الوضع، لم يعد أحد يستنكر شيئا أصلا.. أسواق و شوارع مراكش صارت تنافس أوربا في خلاعتها، و بعض دروبها القديمة بمساجدها صارت أوكار للفاحشة، وبنات المؤذن أو الإمام هن اللاتي يفز بلقب أحسن راقصة بالملهى الفلاني.. وصارت الأوانس والعوانس يعتدين على الرجال بالكلام الساقط في الأزقة والدروب ! على عكس سنة الفسوق البشري!!

اجتمع على مراكش من البلاء ما لم يجتمع على غيرها ! والسلطة بأمن سياحي خاص تحرس كل هذا.. وويل لمن علق أو أنكر أو قارب.. هل رأيتم خيانة لله والرسول والأمانة كهذه ؟!

وا حر قلبي !!

آه عليك يا عاصمة المرابطين! آه عليك يا مدينة الأولياء والرجال! أية داهية دهتك في مستنقع النجاسة حتى الغرق ؟!!

بذرت في مراكش منذ الستينات بذور خير،وهبت عليها نفحات رحمة، فكان في مراكش طيبة أنبتت، وأجادب أمسكت، وقيعان غارت.. لكن واقع المدينة لم يزد في غضون ذلك إلا سؤا.. فأين غرسك ايها الزارع ؟!!

كففت دمعي لما أظلتني سحابة غيب سمعت من ورائها صهيل « يا خيل الله اركبي »، وضحكة مراكش البهيجة بعودة ذوي الرايات الزرق.. المرابطون الجدد.. ثم رفعت بصري إلى غيمة الغيب فقرأت: « لكل أجل كتاب.. ولكل نبأ مستقر.. وسوف تعلمون »

والحمد لله رب العالمين



المصلحة العامة: أن نعيش كلنا على الأرض بكرامة أو نحرقها بمن فيها

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02.02.2013   |  الدُغبوش  |    eplume.wordpress.com

dignity justice
وأنا أتجول في هذه المدينة، أكَادير،تأملتُ هذه الصناديق التي يسكن فيها هؤلاء البشر،طوابق كثيرة متعددة تتدلى منها صحون البارابول،و نوافذ صغيرة ، في أطرافها تُنشر ملابس و أصص نباتات مسكينة.
داهمتني أسئلة كثيرة، كيف يسكن البشر هناك و كيف يتحملون هذه الحياة؟ كيف يعيشون بين أربعة جدران..يا للبؤس..وما الفائدة؟
أنا لا أملك شيئا، لا شقة و لا سيارة، ولا أطمع إلى أن أمتلك ما سبق ذكره يوما، أعيش حيناً في منزل أمي و أحياناً كثيرة أعيش في حذائي،وليس لي إلا هذا الحاسوب و خمس سروايل جينز وجاكتتين وكتب لا أمانع في إهدائها.
رغم أني عملت لسنوات كثيرة، فإن نفسي تعفّ عن التملك و الاذخار،حتى حسابي في البنك لا أترك فيه ريالا واحدا،حتى إن عجزت عن إخراج مبلغ أقل من 100 درهم ،عبأت به الهاتف الذي يملكني و أملكه و الذي في الحقيقة لم أشتره، بل وجدته يوما أو قل وجدني على طاولة فارغة في حديقة،ولم أجد مالكه حينهابعد طول بحث و انتظار.
تساءلت،ما الفائدة أصلا من أن يجتمع البشر في هذه المجموعات ؟ قرى ودواوير و أحياء و مدن هي البؤس نفسه…أليس من الأفضل أن يتفرقوا فُرادى في الأرض يعيشون بالتعاون مع الحيوانات،أو بالزراعة وبالقطف..
هذه المجتمعات و التجمعات و الحضارة شيء مقيت،حضارةٌ بُنيت على الفولاذ و الجراثيم و السلاح ،كما استخلص جاريد دياموند..
سأُنهي حياتي كما بدأها أجدادي، رُحلاً في خيام،ينتقلون من مكان إلى مكان،حسب المزاج و قبول الطبيعة لهم،مصدّقا على مقطع من النشيد الوطني الموريتاني القديم :
« فَـمَا كـَفى أَوَّلَـنَا..أَلَيْسَ يَكْـفِي الْآخِرَا؟ »
***
تابعت تجوالي في الأحياء الشعبية و الراقية، و لفتت انتباهي سيارات القوم وهم ينظرون إليّ بنصف نظرة ..
هل توجد فعلا أزمة في المغرب؟ هل الأغنياء أغلبية،أم أنه ترف مصطنع،أم هي تلك التي يسميها المحللون الطبقة الوسطى..؟؟
المحامون و المعلمون و كل موظفي القطاع العام و صغار التجار و الفلاحين،الطبقة الوسطى التي تعيش بالكريدي و تتمتع بشراء الوهم و بيعه،كان من الأجدر أن يسموها طبقة وسخى،طبقة كاتمة لأنفاس أي تحرر شعبي،والذي يقول العكس هو يا كانبو يا شفار صغير و يتمنى أن يكون شفار كبير في يوم من الأيام.
طبقة تشبه ورق الطواليت الذي يستعمله الحكام لمسح فضلاتهم المتدفقة على الطبقات الكحيانة من الشعب،يتم ذلك عبر تغييب وعي الطبقة الوسخى و التي بدورها تقوم بطمس و تغييب وعي الطبقات الأدنى بحكم الاتصال المباشر اجتماعيا و ثقافيا فيما بينها،وعن طريق إثراء الطبقة المتوسطة بقدر كاف عبر القروض مما يؤدي إلى توسيع شريحة هذه الطبقة.
كثيرا ما يروج بعض المحللين أن معظم التحركات الشعبية تاريخيا و حاليا تتزعمها هذه الطبقة،ولكن في الحقيقة هي تنزل للشارع طلبا للفتات و الاستقرار و مزيد من الامتيازات البرجوازية.
لم و لن تكون أبدا ثورية، مضى عهد التحليل القديم الذي يعول على استقطابها للمشروع الثوري،أصلا تحركات هذه الطبقة الوسخى مطلوبة للحكام لتصوير الوضع كما ينبغي أن يكون بالنسبة للكادحين و أنه بنفس الطريقة سينالون حقوقهم، باللافتات و الصراخ في الشوارع بدل حرق جد أبيهم الكلب بــبُنوكهم و شوارعهم و سياراتهم و عماراتهم التي تعلو بلا حياء على أحياء صفيحنا..
لمّا يتحرك الجوعى فإنهم يتحركون فقط عندما تُمَسُّ احتياجاتهم في الحياة بصورة مباشرة، وهي بوطة غاز و قطع سكر و خبز و شاي و كارو كازا،أما التطبيب و التعليم فقد أصبح امتيازا، إن مرضنا فالله يشفين و القبور لا تزال بالمجان، على الأقل حاليا مادامت « قيمهم الأخلاقية » لا تزال تعفّ عن ترك الجثث تتعفن في الطرقات،وحين يتغير الأمر مستقبلا،لن يترددوا في ذلك…سيمرون في سياراتهم البلاستكية داسيا وهم يحملون أبنائهم إلى المدارس الخاصة، ويشيرون إلى جُثة لْعربي بائع الديطاي الممدة على جانب الرصيف: « اَه مات مسكين…دابا يغبّرو الدود يا ولدي و نتهناو »
لمّا يتحرك الجوعى من أجل جُغمة الشاي و نتْرة كازا،لا يجدون أي دعم من هذه الطبقة الوسخى،وهذا بديهي لأن احتياجات الأولين متضاربة مع مصالح الاَخرين،و لأن شكل الاحتجاج هو نسخة من تقاليد المتسلقين الموسخين،ولأنهم يحتقرونهم :
 » اه اه كثروا هاد البوزبال…كثروا غير كايولدو..خصهم يديرو الفيزا لهنا « 
وفعلا يسرعون في إقاماتهم المشتركة -التي تجمع بضع شقق حقيرة اشتروها بالتوسل للأبناك و لحس الكابا  -إلى تسييجها ووضع الحراس في الأبواب..كأنهم ينعزلون في جنة الرضوان…
الكَيتوهات مصيركم بعد عشر سنين يا مَن ،بجهلكم، في الشقاوة تنعمون !
وَدًّوا لو يعزلون حتى الهواء الذي نشترك فيه معهم..
لهذا تبقى حقوق الجوعى الحفاة منهوبةً و مسلوبةً،وإن فكروا في التصعيد حينها يظهر الوجه الحقيقي لهؤلاء الأطباء المحامون المعلمون التجار الفلاحون الصحافيون طفيليات الأبناك،حين يتكاثفون مع الطبقات الأعلى المخزنية.. و يصرخون في كل محفل: الفوضى.. الممتلكات العامة.. المصلحة العامة… الأمن العام…
يلعن بوكُم العام!
***
أنا فقير كادح،أُدينُ في طفولتي لوجبات علب السردين الطويلة الخضراء، و لوجبات وحيدة هي شايٌ و خبزٌ و زيتٌ،حتى العدس و اللوبيا كان ترفاً..لم أعرف طعمَ الفواكه إلا في مخلفات السوق الاسبوعي،
أُدين لساعدي حين عملت طفلاً وشابا في المقاهي و الفنادق و المزارع مقابل دريهمات.
أُدين لكتب إخوتي الكبار و ملابسهم التي توارثناها أخا عن أخ و أختا عن أخت.
أُدين للتحميرة و الأعشاب التي تلتقطها أمي حين أمرض،ولم ألج المستشفى إلا مرة واحدة و أنا فاقد للوعي وخرجت منه الصباح الموالي حين استفقت..
أنتمي للجوعى، للحفاة، للفقراء،لأولئك الذين، يا اَنسة ،كلما رأيت وجوهم الضامرة بارزة العظام تحضنين حقيبتك المقلدة، لأولئك الذين، يا فتى، كلما رأيتهم تحمد الله و القدر و تذلل والدك على أنك لست منهم قبل أن تعود لتبكي من أجل أكبر مشاكلك: جِلْ شعرك وخيانة صديقتك و عدم عمل سيديهات الإكس بوكس خاصتك.
أنتمي للحرافيش، للحرابيش،للهامشيين، للمُهمشين، للهشّ من البروليتاريا..وسأظل معهم إلى أن نعيش كلنا على الأرض بكرامة أو نحرقها بمن فيها.


Démocratie vs Développement

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16.08.2012 | Adil Boutda |  eplume.wordpress.com

Democracy and DevelopmentLes hérauts de la démocratie ne cessent de clamer haut et fort : Sans démocratie, point de développement possible !
Difficile à priori, de les contredire, quand les chiffres (RNB, PIB/H, IDH…) parlent d’eux-mêmes, puisqu’au moment où les dictatures, qu’elles soient africaines ou arabes, se tassent toutes en bas des tableaux, les démocraties elles, sont en haut des classements mondiaux !
Cependant, la concomitance des démocraties et des économies développées, ne devrait pas nous dédouaner de deux interrogations majeures :
• De la démocratie, et du développement, quelle est la cause et quel est l’effet ?
• Pour qu’un peuple retrouve la prospérité, un despote éclairé n’est t-il pas plus efficace qu’une démocratie otage des plus démunis ?
Je tenterai de répondre à ces deux interrogations, en imaginant un duel historique entre les régimes autoritaires d’une part, et les démocraties d’autre part, et ce, depuis l’antiquité jusqu’à nos jours.

Aux Vème et VI siècle, Athènes la démocrate était flamboyante : tragédies, satires, sciences, gymnases, philosophies, monuments, sculptures, artisanats, commerces, Agora, votes, tribunaux populaires, joutes oratoires, …Ces attributs et tant d’autres, meublaient sa réputation de ville-phare de toute la méditerranée. Elle avait pourtant une rivale du nom de Sparte, son exact contraire : Austère, disciplinée, paysanne, et dirigée par un régime aristocratique et autoritaire, celle-ci n’en tint pas moins la dragée haute, à la « belle Athènes ».
Et le dernier épisode de leur guerre intestine, s’est soldé par une victoire de Sparte, ……avant qu’elles ne soient toutes les deux emportées par un torrent venu du nord, du nom d’Alexandre le grand !

Deuxième station de l’antiquité où l’on peut comparer l’efficience des deux régimes, n’est autre que Rome bien sûr. République Vs Empire : Là encore, et à en juger par les volumes respectifs des conquêtes faites sous le Senat souverain d’une part, et par les empereurs d’autre part, nous ne pouvons que conclure à un décevant match nul ! En effet, et si la république a pu conquérir l’Italie, la Grèce, Carthage, la Gaule, la Turquie occidentale, l’Espagne, et les Balkans, la dictature impériale, inaugurée par le grand César, n’était pas en reste, puisqu’elle a réussi à annexer au vaste domaine romain, des régions entières, telle que le moyen orient, le Maghreb, ou encore l’Europe centrale, et orientale.
Délaissons donc l’antiquité pour aller jeter un coup d’œil sur les premières démocraties modernes de l’histoire : la Grande Bretagne, et la France.
Là encore, nous ne pouvons que constater, le manifeste contraste entre les deux chemins pris par ces deux nations. En effet, l’Angleterre a vu son développement économique, aller de pair avec un processus de démocratisation lent et progressif, inauguré dès le XIII siècle, par la fameuse Magna Carta, jusqu’à l’installation définitive de la première monarchie parlementaire de l’histoire au XVIII siècle, en passant par de nombreuses étapes intermédiaires, convergeant toutes vers une confortation progressive de la souveraineté du peuple (Lord Cromwell en 1653, l’Habeas corpus en 1679, la glorieuse révolution en 1686 …)
En revanche la France a continué à vivre sous une monarchie absolue, jusqu’au brusque avènement de la révolution en 1789. Ce qui n’a pourtant pas empêché son économie, de se développer à un rythme soutenu depuis le XVI siècle, jusqu’à la fin du XVIIIème et devenir même, la seule rivale de l’empire britannique.
Un siècle plus tard, les Etats Unis, et l’Allemagne rattrapent leurs retards, au pas de charge. Et si les américains l’ont fait, en bâtissant parallèlement, un état et des institutions démocratiques, les allemands eux, ont réussi le même exploit économique, sans pour autant se départir, du régime autoritaire des Hohenzollern !

Cette brève revue, montre clairement que parmi ces pays, d’aucuns ce sont développés sans se démocratiser, d’autres ont mené de pair, émancipation politique et progrès économique. Mais aucun d’eux n’a vu sa souveraineté passer aux mains du peuple, avant d’opérer sa mue économique.

Si nous quittons les contrées occidentales pour aller s’enquérir des interactions entre démocratie et développement, en extrême orient, nous serons obligé de reconnaître l’indépendance de la dynamique économique, par rapport aux mutations politiques :
Le Japon, la Corée du sud, Taïwan, et la Malaisie ont tous emprunté, sous l’égide de gouvernements autoritaires, des chemins étonnement semblables, et qui les ont fait passer, en moins de trois décennies, d’un sous développement criard, à un niveau de vie très élevé. Ainsi, et à titre d’exemple, la Corée du sud, et dans le cadre, d’abord, d’une dictature militaire implacable, a vu son PIB/habitant, passer de 260$ en 1960, à 26 000$ en 2007 !!

Cependant, et de la même manière qu’elle nous démontre l’absence de causalité entre progrès économique, et évolution démocratique, l’histoire de tous ces pays, nous apprend aussi que la souveraineté populaire, finit toujours par rattraper son retard!
En effet, les gouvernants allemands et japonais, ont été obligés, dès la fin du XIXème siècle, et suite à leurs « miracles économiques », d’élargir les pouvoirs de leurs parlements respectifs. Et à l’instar du dernier général coréen cédant le pouvoir à un président civil en 1993, les partis uniques au pouvoir, le Kouo-Min-Tang taïwanais et l’UMNO malais, ont été eux aussi obligés d’accepter leurs défaites aux élections, en 2003 pour le malais obligeant le bâtisseur de la Malaisie moderne Dr Mahatir à céder la place à son successeur, et en 1995 pour le taïwanais, obligeant les fondateurs de la république démocratique de chine, à transmettre le pouvoir exécutif à leur ancienne opposition.

A l’issue de ce tour d’horizon, les réponses à nos deux interrogations paraissent presque évidentes : D’une part, la démocratie serait la conséquence, et non la cause du développement économique, et d’autre part, les despotes éclairés sont souvent efficaces.
Et en plus de leurs concordances avec les faits historiques susmentionnés, ces deux conclusions semblent objectives :
En effet, et pour mettre en branle, une économie sous-développée, un chef d’état doit être pragmatique, et prendre souvent des décisions impopulaires. Ainsi une réforme agraire, passe par le remembrement des terrains, qui ne peut se faire sans casser les modes d’exploitation communautaires. Autre exemple, la constitution d’un tissu industriel, ne peut se faire sans un développement simultané des capitaux privés, souvent au détriment du « peuple ouvrier» : Nombre d’heures travaillées par semaine déplafonné, S.M.I.C et couverture sociale ignorés, syndicats dociles ….etc.
Avoir les coudées franches, grâce à un régime autoritaire, permettrait donc de prendre et d’appliquer, les décisions qui seraient dans l’intérêt général du pays, même si c’est à l’encontre des attentes immédiates du peuple.
Cependant, et paradoxalement, les régimes autoritaires sont souvent victimes de leurs propres réussites. Ainsi le développement économique donne naissance à une classe moyenne, éduquée et relativement aisée, ouverte sur le monde, et sur ses valeurs universelles tel que les libertés individuelles, et la démocratie.
Cette classe intermédiaire, finit toujours par créer ses propres instruments de contestation et d’opposition, jusqu’à obtenir gain de cause, et arracher un meilleur partage des pouvoirs, ainsi qu’une meilleure répartition des richesses.
Par ailleurs, et si la démocratie est d’abord un bien immatériel, permettant aux nouveaux citoyens de recouvrer leurs dignités et leurs libertés, celle-ci n’en demeure pas moins un excellent outil de gouvernance. En effet, les pays émergents finissent par avoir une économie de plus en plus complexe, dans laquelle, les régimes centraux sont incapables de prévenir les formes multiples de corruption, de népotisme, et d’abus de pouvoir. Seule la démocratie, basée sur des élections et des représentations locales et nationales, permet aux peuples instruits et informés, et donc difficilement manipulables, de contrôler et sanctionner les exécutifs et leurs éventuelles dérives.

Un progrès économique, précédant et préparant la démocratisation, qui agit à son tour, comme un antidote aux inévitables dérives des dictatures invétérées. Voilà donc l’intitulé du modèle de développement qui rend compte de la majeure partie des expériences réussies, aussi bien en occident, qu’en extrême orient.

Et à l’aune de ce modèle, nous serions tentés de regretter l’avènement précoce des démocraties en Tunisie, et en Egypte. Car comment est-ce que leurs nouveaux gouvernements pourraient-t-il résister à la pression populaire, celle là même qui les a propulsés au pouvoir ? Comment pourraient-t-il éviter les concessions sociales : Hausse des salaires pour contrer l’inflation des prix, embauches de nouveaux fonctionnaires afin de faire baisser le chômage, subventions accrues des aliments de base……etc.

Seul l’avenir nous dira si ces premiers gouvernements « post-révolution », pourront transcender la dichotomie, entre exigence de compétitivité économique d’une part, et nécessite de satisfaire les besoins sociaux d’autre part.
L’équation en tout cas, n’est point insoluble, et d’autres pays sont entrain de réussir ce rare alliage, entre une démocratie déjà installée, et un développement effréné, tel que l’Inde et le Brésil. Pourquoi pas donc la Tunisie et l’Egypte !

 

 

 


في التطورو المسؤولية

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05.02.2013    |    eplume.wordpress.com

إذا علمنا أن ّ الذي عطّل إختراع العجلة هو وجود العبيد بكثرة، بحيث أنّ وَفْرَتهم و قيامهم بكل الأعمال الشاقة يُغْنِي عن الحاجة إلى إختراعها. فإنه من العيب أن لا نفهم أن عجلة التطور(إقتصاديا، إجتماعيا، سياسيا، حضاريا) في بلادنا البئيسة لن تتحرك، بل لن ترى النور أصلاً، ما دام بينن ظهرانينا جمهور غفير من العبيد و ذوِي القابلية للإستعباد.

أما العنصر الثاني في هذه المعادلة(و ليس الأخير) فهو من مسؤولية الفئة « المَيسُورة » التي تعيش في منظومة يملأها الفقر و القهر بدون أن تحرك ساكنا تحت ذريعة عدم مسؤوليتها المباشرة عن مآل المنظومة. وعن هذه الفئة أقترح عليكم هذا المقتطف للدكتور علي شريعتي من كتابه: » دين ضد الدين » : 

"مقتطف من كتاب"دين ضد الدين للدكتور علي شريعتي

مقتطف من كتاب »دين ضد الدين » للدكتور علي شريعتي

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eplume « باب المعرفة » :

يعتبر فكر الدكتور علي شريعتي فكر مميز في قراءة المذهب الشيعي و كان من دعاة الوحدة الإسلامية و التقارب بين السنة و الشيعة. و لهذا رأيت أنه من المفيد أن أنشر حقيقة أُصوله العقائدية كما يصرح بها شخضيا وليس كما تنسب إليه.
و لا يهمني في هذا الأمر إن إن كُنتَ تتفق معه أم لا، بل هدفي هو فقط أن تعلم( من باب المعرفة).

 الأُصول العقائدية للدكتور علي شريعتي

الأُصول العقائدية للدكتور علي شريعتي

 الأُصول العقائدية للدكتور علي شريعتي

الأُصول العقائدية للدكتور علي شريعتي

 الأُصول العقائدية للدكتور علي شريعتي

الأُصول العقائدية للدكتور علي شريعتي


Obama with Kids, The tragic case of Abdulrahman al Awlaki.

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24.10.2012   |     Bonnie.      |      TheLibertanianHipster blog

Obama with Kids

airstrike 1

airstrike obama2

airstrike obama hitchens 3

I mean, let’s get serious for a second…how can you NOT vote for this guy?!

Oh wait, I have a photo to add to this collection!!!

Oh wait, it’s of a kid Obama assassinated:

Abdulrahman al-Awlaki

His name was Abdulrahman al-Awlaki, and he was an American citizen who was indeed 16 when Obama ordered his assassination by drone because his father (also assassinated by Obama-ordered drone strike two weeks previously) was suspected of terrorism.

Don’t believe me? Read about it here. In Esquire. Actually, their photo collage of him is worth adding here too:

Abdulrahman al-Awlaki drone amrican citizen

Ah, Obama with kids. That’s exactly why I can’t vote for him.

Learn more about the assassination of this child in an excellent post from Aheram here.


A Message to the Grassroots, Malcolm X, October 10, 1963.

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07.02.2013   |     eplume.wordpress.com

malcolm XMalcolm X was one of the twentieth century’s most gifted leaders and orators. He used his speeches critique American racism and to reeducate blacks regarding their identity (Africans in Americans), purpose (free themselves from racial oppression) and direction (serve as a revolutionary political and social force capable of building a more humane society).

In honor and celebration of the life, work and achievement of Malcolm X we present one of his most important speeches Message to the Grassroots. This speeche highlight Malcolm X’s incisive analysis of America, his brilliant and thoughtful use of language as a tool to demystify the dominance of white views and values and enlighten African Americans as to their human and political potential and possibilities.

Message to the Grassroots, one of the last speeches Malcolm gave as a member of the Nation of Islam, is one of Malcolm’s classic speeches. This speech along with The Ballot or the Bullet ranks with Frederick Douglass’s speech, the Meaning of July Forth for the Negro. The speech was delivered in october 1963, approximately three months after the historic March on Washington, at the Grassroots Conference called by Rev. Albert Cleage and members of the Group On Advance Leadership. The conference was called as a response the exclusion of the black nationalists and Freedom Now Party from the Northern Negro Leadership conference called by the Detroit Council for Human Rights.

Message to the Grassroots takes as its overarching theme unity among African Americans. Malcolm outlines the sources and causal factors which undermine and operate against unity. Here, he identifies slavery as the historical origins of class conflict among African Americans, a contributing factor to the division among blacks. Using the concept of the House Negro and the Field Negro, he brilliantly shows how historically, the black middle class leadership has compromise the interest of black people as whole to advance their own class interest which was inextricably tied to the white establishment. Malcolm cites the Bandung Conference as a model of unity which African Americans can emulate and an example of the unity of “Third World” people or people of color. And finally, in this speech, Malcolm begins to broach the subject of violence as an alternative to nonviolence and revolution as the correct and most effective mode of struggle for black to achieve their aim of freedom.


« Tonight, we want to have just an off-the-cuff chat between you and me. Us. We want to talk right down to earth in a language that everybody here can easily understand. We all agree tonight, all of the speakers have agreed, that America has a very serious problem. Not only does America have a very serious problem, but our people have a very serious problem. America’s problem is us. We’re her problem. The only reason she has a problem is she doesn’t want us here. And every time you look at yourself, be you black, brown, red, or yellow—a so called Negro—you represent a person who poses such a serious problem for America because you’re not wanted. Once you face this as a fact, then you can start plotting a course that will make you appear intelligent, instead of unintelligent.

What you and I need to do is learn to forget our differences. When we come together, we don’t come together as Baptists or Methodists. You don’t catch hell ’cause you’re a Baptist, and you don’t catch hell ’cause you’re a Methodist. You don’t catch hell ’cause you’re a Methodist or Baptist. You don’t catch hell because you’re a Democrat or a Republican. You don’t catch hell because you’re a Mason or an Elk. And you sure don’t catch hell ’cause you’re an American; ’cause if you was an American, you wouldn’t catch no hell. You catch hell ’cause you’re a black man. You catch hell, all of us catch hell, for the same reason.

So we are all black people, so-called Negroes, second—class citizens, ex—slaves. You are nothing but a ex-slave. You don’t like to be told that. But what else are you? You are ex—slaves. You didn’t come here on the “Mayflower.” You came here on a slave ship—in chains, like a horse, or a cow, or a chicken. And you were brought here by the people who came here on the “Mayflower.” You were brought here by the so-called Pilgrims, or Founding Fathers. They were the ones who brought you here.

We have a common enemy. We have this in common: We have a common oppressor, a common exploiter, and a common discriminator. But once we all realize that we have this common enemy, then we unite on the basis of what we have in common. And what we have foremost in common is that enemy—the white man. He’s an enemy to all of us. I know some of you all think that some of them aren’t enemies. Time will tell. In Bandung back in, I think, 1954, was the first unity meeting in centuries of black people. And once you study what happened at the Bandung conference, and the results of the Bandung conference, it actually serves as a model for the same procedure you and I can use to get our problems solved. At Bandung all the nations came together. Their were dark nations from Africa and
Asia. Some of them were Buddhists. Some of them were Muslim. Some of them were Christians. Some of them were Confucianists; some were atheists. Despite their religious differences, they came together. Some were communists; some were socialists; some were capitalists. Despite their economic and political differences, they came together. All of them were black, brown, red, or yellow.

The number—one thing that was not allowed to attend the Bandung conference was the white man. He couldn’t come. Once they excluded the white man, they found that they could get together. Once they kept him out, everybody else fell right in and fell in line. This is the thing that you and I have to understand. And these people who came together didn’t have nuclear weapons; they didn’t have jet planes; they didn’t have all of the heavy armaments that the white man has. But they had unity.

They were able to submerge their little petty differences and agree on one thing: That though one African came from Kenya and was being colonized by the Englishman, and another African came from the Congo and was being colonized by the Belgian, and another African came from Guinea and was being colonized by the French, and another came from Angola and was being colonized by the Portuguese. When they came to the Bandung conference, they looked at the Portuguese, and at the Frenchman, and at the Englishman, and at 110 Malcolm X – El-Hajj Malik El-Shabazz the other—Dutchman—and learned or realized that the one thing that all of them had in common: they were all from Europe, they were all Europeans, blond, blue— eyed and white—skinned. They began to recognize who their enemy was. The same man that was colonizing our people in Kenya was colonizing our people in the Congo. The same one in the Congo was colonizing our people in South Africa, and in Southern Rhodesia, and in Burma, and in India, and in Afghanistan, and in Pakistan. They realized all over the world where the dark man was being oppressed, he was being oppressed by the white man; where the dark man was being exploited, he was being exploited by the white man. So they got together under this basis—that they had a common enemy. And when you and I here in Detroit and in Michigan and in America who have been awakened today look around us, we too realize here in America we all have a common enemy, whether he’s in Georgia or Michigan, whether he’s in California or New York. He’s the same man: blue eyes and blond hair and pale skin—same man. So what we have to do is what they did. They agreed to stop quarreling among themselves. Any little spat that they had, they’d settle it among themselves, go into a huddle—don’t let the enemy know that you got a disagreement.

Instead of us airing our differences in public, we have to realize we’re all the same family. And when you have a family squabble, you don’t get out on the sidewalk. If you do, everybody calls you uncouth, unrefined, uncivilized, savage. If you don’t make it at home, you settle it at home; you get in the closet—argue it out behind closed doors. And then when you come out on the street, you pose a common front, a united front. And this is what we need to do in the community, and in the city, and in the state. We need to stop airing our differences in front of the white man. Put the white man out of our meetings, number one, and then sit down and talk shop with each other. That’s all you gotta do.I would like to make a few comments concerning the difference between the black revolution and the Negro revolution. There’s a difference. Are they both the same? And if they’re not, what is the difference? What isthe difference between a black revolution and a Negro revolution? First, what is a revolution? Sometimes I’m inclined to believe that many of our people are using this word “revolution” loosely, without taking careful consideration of what this word actually means, and what its historic characteristics are. When you study the historic nature of revolutions, the motive of a revolution, the objective of a revolution, and the result of a revolution, and the methods used in a revolution, you may change words. You may devise another program. You may change your goal and you may change your mind.

Look at the American Revolution in 1776. That revolution was for what? For land. Why did they want land? Independence. How was it carried out? Bloodshed. Number one, it was based on land, the basis of independence. And the only way they could get it was bloodshed. The French Revolution—what was it based on? The land—less against the landlord. What was it for? Land. How did they get it? Bloodshed. Was no love lost; was no compromise; was no negotiation. I’m telling you, you don’t know what a revolution is. ’Cause when you find out what it is, you’ll get back in the alley; you’ll get out of the way. The Russian Revolution—what was it based on? Land. The land—less against the landlord. How did they bring it about? Bloodshed. You haven’t got a revolution that doesn’t involve bloodshed. And you’re afraid to bleed. I said, you’re afraid to bleed. As long as the white man sent you to Korea, you bled. He sent you to Germany, you bled. He sent you to the South Pacific to fight the Japanese, you bled. You bleed for white people. But when it comes time to seeing your own churches being bombed and little black girls be murdered, you haven’t got no blood. You bleed when the white man says bleed; you bite when the white man says bite; and you bark when the white man says bark. I hate to say this about us, but it’s true. How are you going to be nonviolent in Mississippi, as violent as you were in Korea? How can you justify being nonviolent in Mississippi and Alabama, when your churches are being bombed, and your little girls are being murdered, and at the same time you’re going to violent with Hitler, and Tojo, and somebody else that you don’t even know?

If violence is wrong in America, violence is wrong abroad. If it’s wrong to be violent defending black women and black children and black babies and black men, then it’s wrong for America to draft us and make us violent abroad in defense of her. And if it is right for America to draft us, and teach us how to be violent in defense of her, then it is right for you and me to do whatever is necessary to defend our own people right here in this country.

The Chinese Revolution—they wanted land. Collected Speeches, Debates & Interviews (1960-1965) 111 They threw the British out, along with the Uncle Tom Chinese. Yeah, they did. They set a good example. When I was in prison, I read an article—don’t be shocked when I say I was in prison. You’re still in prison. That’s what America means: prison. When I was in prison, I read an article in Life magazine showing a little Chinese girl, nine years old; her father was on his hands and knees and she was pulling the trigger ’cause he was an Uncle Tom Chinaman, When they had the revolution over there, they took a whole generation of Uncle Toms— just wiped them out. And within ten years that little girl become a full—grown woman. No more Toms in China. And today it’s one of the toughest, roughest, most feared countries on this earth—by the white man. ’Cause there are no Uncle Toms over there. Of all our studies, history is best qualified to reward our research. And when you see that you’ve got problems, all you have to do is examine the historic method used all over the world by others who have problems similar to yours. And once you see how they got theirs straight, then you know how you can get yours straight. There’s been a revolution, a black revolution, going on in Africa.

In Kenya, the Mau Mau were revolutionaries; they were the ones who made the word”Uhuru”, the Kenyan word for “freedom”. They were the ones who brought it to the fore. The Mau Mau, they were revolutionaries. They believed in scorched earth. They knocked everything aside that got in their way, and their revolution also was based on land, a desire for land. In Algeria, the northern part of Africa, a revolution took place. The Algerians were revolutionists; they wanted land. France offered to let them be integrated into France. They told France: to hell with France. They wanted some land, not some France. And they engaged in a bloody battle. So I cite these various revolutions, brothers and sisters, to show you, you don’t have a peaceful revolution. You don’t have a turn-the-other-cheek revolution. There’s no such thing as a nonviolent revolution. The only kind of revolution that’s nonviolent is the Negro revolutionThe only revolution based on loving your enemy is the Negro revolution. The only revolution in which the goal is a desegregated lunch counter, a desegregated theater, a desegregated park, and a desegregated public toilet; you can sit down next to white folks on the toilet. That’s no revolution. Revolution is based on land. Land is the basis of all independence. Land is the basis of freedom, justice, and equality. 

The white man knows what a revolution is. He knows that the black revolution is world-wide in scopeand in nature. The black revolution is sweeping Asia, sweeping Africa, is rearing its head in Latin America. The Cuban Revolution—that’s a revolution. They overturned the system. Revolution is in Asia. Revolution is in Africa. And the white man is screaming because he sees revolution in Latin America. How do you think he’ll react to you when you learn what a real revolution is? You don’t know what a revolution is. If you did, you wouldn’t use that word. 

A revolution is bloody. Revolution is hostile. Revolution knows no compromise. Revolution overturns and destroys everything that gets in its way. And you, sitting around here like a knot on the wall, saying, “I’m going to love these folks no matter how much they hate me.” No, you need a revolution. Whoever heard of a revolution where they lock arms, as Reverend Cleage was pointing out beautifully, singing “We Shall Overcome”? Just tell me. You don’t do that in a revolution. You don’t do any singing; you’re too busy swinging. It’s based on land. A revolutionary wants land so he can set up his own nation, an independent nation. These Negroes aren’t asking for no nation. They’re trying to crawl back on the plantation. When you want a nation, that’s called nationalism. 

When the white man became involved in a revolution in this country against England, what was it for? He wanted this land so he could set up another white nation. That’s white nationalism. The American Revolution was white nationalism. The French Revolution was white nationalism. The Russian Revolution too—yes, it was—white nationalism. You don’t think so? Why do you think Khrushchev and Mao can’t get their heads together? White nationalism. All the revolutions that’s going on in Asia and Africa today are based on what? Black nationalism. A revolutionary is a black nationalist. He wants a nation. I was reading some beautiful words by Reverend Cleage, pointing out why he couldn’t get together with someone else here in the city because all of them were afraid of being identified with black nationalism. If you’re afraid of black nationalism, you’re afraid of revolution. And if you love revolution, you love black nationalism. To understand this, you have to go back to what the young brother here referred to as the house Negro and the field Negro—back during slavery. There was two kinds of slaves. There was the house Negro and the field Negro. The house Negroes—they lived in the house with 112 Malcolm X – El-Hajj Malik El-Shabazz master, they dressed pretty good, they ate good ’cause they ate his food—what he left. They lived in the attic or the basement, but still they lived near the master; and they loved their master more than the master loved himself. They would give their life to save the master’s house quicker than the master would. The house Negro, if the master said, “We got a good house here,” the house Negro would say, “Yeah, we got a good house here.” Whenever the master said “we,” he said “we.” That’s how you can tell a house Negro. If the master’s house caught on fire, the house Negro would fight harder to put the blaze out than the master would. If the master got sick, the house Negro would say, “What’s the matter, boss, we sick?” We sick! He identified himself with his master more than his master identified with himself. And if you came to the house Negro and said, “Let’s run away, let’s escape, let’s separate,” the house Negro would look at you and say, “Man, you crazy. What you mean, separate? Where is there a better house than this? Where can I wear better clothes than this? Where can I eat better food than this?” That was that house Negro. In those days he was called a “house nigger.” And that’s what we call him today, because we’ve still got some house niggers running around here.

This modern house Negro loves his master. He wants to live near him. He’ll pay three times as much as the house is worth just to live near his master, and then brag about “I’m the only Negro out here.” “I’m the only one on my job.” “I’m the only one in this school.” You’re nothing but a house Negro. And if someone comes to you right now and says, “Let’s separate,” you say the same thing that the house Negro said on the plantation. “What you mean, separate? From America? This good white man? Where you going to get a better job than you get here?” I mean, this is what you say. “I ain’t left nothing in Africa,” that’s what you say. Why, you left your mind in Africa. On that same plantation, there was the field Negro. The field Negro—those were the masses. There were always more Negroes in the field than there was Negroes in the house. The Negro in the field caught hell. He ate leftovers. In the house they ate high up on the hog. The Negro in the field didn’t get nothing but what was left of the insides of the hog. They call ’em “chittlins” nowadays. In those days they called them what they were: guts. That’s what you were—a gut—eater. And some of you all still gut—eaters. 

The field Negro was beaten from morning to night. He lived in a shack, in a hut; He wore old, castoff clothes. He hated his master. I say he hated his master. He was intelligent. That house Negro loved his master. But that field Negro—remember, they were in the majority, and they hated the master. When the house caught on fire, he didn’t try and put it out; that field Negro prayed for a wind, for a breeze. When the master got sick, the field Negro prayed that he’d die. If someone come to the field Negro and said, “Let’s separate, let’s run,” he didn’t say “Where we going?” He’d say, “Any place is better than here.” You’ve got field Negroes in America today. I’m a field Negro. The masses are the field Negroes. When they see this man’s house on fire, you don’t hear these little Negroes talking about “our government is in trouble.” They say, “The government is in trouble.” Imagine a Negro: “Our government”! I even heard one say “our astronauts.” They won’t even let him near the plant— and “our astronauts”! “Our Navy”—that’s a Negro that’s out of his mind. That’s a Negro that’s out of his mind. 

Just as the slave master of that day used Tom, the house Negro, to keep the field Negroes in check, the same old slavemaster today has Negroes who are nothing but modern Uncle Toms, 20th century Uncle Toms, to keep you and me in check, keep us under control, keep us passive and peaceful and nonviolent. That’s Tom making you nonviolent. It’s like when you go to the dentist, and the man’s going to take your tooth. You’re going to fight him when he starts pulling. So he squirts some stuff in your jaw called novocaine, to make you think they’re not doing anything to you. So you sit there and ’cause you’ve got all of that novocaine in your jaw, you suffer peacefully. Blood running all down your jaw, and you don’t know what’s happening. ’Cause someone has taught you to suffer—peacefully. 

The white man do the same thing to you in the street, when he want to put knots on your head and take advantage of you and don’t have to be afraid of your fighting back. To keep you from fighting back, he gets these old religious Uncle Toms to teach you and me, just like novocaine, suffer peacefully. Don’t stop suffering— just suffer peacefully. As Reverend Cleage pointed out, “Let your blood flow In the streets.” This is a shame. And you know he’s a Christian preacher. If it’s a shame to him, you know what it is to me. There’s nothing in our book, the Quran—you call it “Ko-ran”—that teaches us to suffer peacefully. Our religion teaches us to be intelligent. Be peaceful, be Collected Speeches, Debates & Interviews (1960-1965) 113 courteous, obey the law, respect everyone; but if someone puts his hand on you, send him to the cemetery. That’s a good religion. In fact, that’s that old—time religion.

That’s the one that Ma and Pa used to talk about: an eye for an eye, and a tooth for a tooth, and a head for a head, and a life for a life: That’s a good religion. And doesn’t nobody resent that kind of religion being taught but a wolf, who intends to make you his meal. This is the way it is with the white man in America. He’s a wolf and you’re sheep. Any time a shepherd, a pastor, teach you and me not to run from the white man and, at the same time, teach us not to fight the white man, he’s a traitor to you and me. Don’t lay down our life all by itself. No, preserve your life. It’s the best thing you got. And if you got to give it up, let it be even— steven. 

The slave master took Tom and dressed him well, and fed him well, and even gave him a little education—a little education; gave him a long coat and a top hat and made all the other slaves look up to him. Then he used Tom to control them. The same strategy that was used in those days is used today, by the same white man. He takes a Negro, a so-called Negro, and make him prominent, build him up, publicize him, make him a celebrity. And then he becomes a spokesman for Negroes—and a Negro leader.

I would like to just mention just one other thing else quickly, and that is the method that the white man uses, how the white man uses these “big guns,” or Negro leaders, against the black revolution. They are not a part of the black revolution. They’re used against the black revolution.

When Martin Luther King failed to desegregate Albany, Georgia, the civil-rights struggle in America reached its low point. King became bankrupt almost, as a leader. Plus, even financially, the Southern Christian Leadership Conference was in financial trouble; plus it was in trouble, period, with the people when they failed to desegregate Albany, Georgia. Other Negro civil-rights leaders of so-called national stature became fallen idols. As they became fallen idols, began to lose their prestige and influence, local Negro leaders began to stir up the masses. In Cambridge, Maryland, Gloria Richardson; in Danville, Virginia, and other parts of the country, local leaders began to stir up our people at the grassroots level. This was never done by these Negroes, whom you recognize, of national stature. They controlled you, but they never incited you or excited you. They controlled you; they contained you; they kept you on the plantation. 

As soon as King failed in Birmingham, Negroes took to the streets. King got out and went out to California to a big rally and raised about—I don’t know how many thousands of dollars. He come to Detroit and had a march and raised some more thousands of dollars. And recall, right after that Roy Wilkins attacked King, accused King and the CORE of starting trouble everywhere and then making the NAACP get them out of jail and spend a lot of money; and then they accused King and CORE of raising all the money and not paying it back. This happened; I’ve got it in documented evidence in the newspaper. Roy started attacking King, and King started attacking Roy, and Farmer started attacking both of them. And as these Negroes of national stature began to attack each other, they began to lose their control of the Negro masses. And Negroes was out there in the streets. They was talking about we was going to march on Washington. By the way, right at that time Birmingham had exploded, and the Negroes in Birmingham—remember, they also exploded. They began to stab the crackers in the back and bust them up ’side their head—yes, they did. That’s when Kennedy sent in the troops, down in Birmingham. 

So, and right after that, Kennedy got on the television and said “this is a moral issue.” That’s when he said he was going to put out a civil-rights bill. And when he mentioned civil-rights bill and the Southern crackers started talking about they were going to boycott or filibuster it, then the Negroes started talking—about what? We’re going to march on Washington, march on the Senate, march on the White House, march on the Congress, and tie it up, bring it to a halt; don’t let the government proceed. They even said they was going out to the airport and lay down on the runway and don’t let no airplanes land. I’m telling you what they said. That was revolution. That was revolution. That was the black revolution. It was the grass roots out there in the street. It scared the white man to death, scared the white power structure in Washington, D. C. to death; I was there. When they found out that this black steamroller was going to come down on the capital, they called in Wilkins; they called in Randolph; they called in these national Negro leaders that you respect and told them, “Call it off.” Kennedy said, “Look, you all letting this thing go too far.” And Old Tom said, “Boss, I can’t stop it, because I didn’t start it.” I’m telling you what they said. They said, “I’m not 114 Malcolm X – El-Hajj Malik El-Shabazz even in it, much less at the head of it.” They said, “These Negroes are doing things on their own. They’re running ahead of us.” And that old shrewd fox, he said, “Well If you all aren’t in it, I’ll put you in it. I’ll put you at the head of it. I’ll endorse it. I’ll welcome it. I’ll help it. I’ll join it.” 

A matter of hours went by. They had a meeting at the Carlyle Hotel in New York City. The Carlyle Hotel is owned by the Kennedy family; that’s the hotel Kennedy spent the night at, two nights ago; it belongs to his family. A philanthropic society headed by a white man named Stephen Currier called all the top civilrights leaders together at the Carlyle Hotel. And he told them that, “By you all fighting each other, you are destroying the civil-rights movement. And since you’re fighting over money from white liberals, let us set up what is known as the Council for United Civil Rights Leadership. Let’s form this council, and all the civilrights organizations will belong to it, and we’ll use it for fund-raising purposes.” Let me show you how tricky the white man is. And as soon as they got it formed, they elected Whitney Young as the chairman, and who you think became the co-Chairman? Stephen Currier, the white man, a millionaire. Powell was talking about it down at the Cobo Hall today. This is what he was talking about. Powell knows it happened. Randolph knows it happened. Wilkins knows it happened. King knows it happened. Everyone of that so-called Big Six— they know what happened.

Once they formed it, with the white man over it, he promised them and gave them $800,000 to split up between the Big Six; and told them that after the march was over they’d give them $700,000 more. A million and a half dollars split up between leaders that you’ve been following, going to jail for, crying crocodile tears for. And they’re nothing but Frank James and Jesse James and the what-do-you-call-’em brothers. As soon as they got the setup organized, the white man made available to them top public relations experts; opened the news media across the country at their disposal; and then they begin to project these Big Six as the leaders of the march. Originally, they weren’t even in the march. You was talking this march talk on Hastings Street…is Hastings Street still here?…on Hasting Street. You was talking the march talk on Lenox Avenue, and out on—What you call it?—Fillmore Street, and Central Avenue, and 32nd Street and 63rd Street. That’s where the march talk was being talked. But the white man put the Big Six at the head of it; made them the march. They became the march. They took it over. And the first move they made after they took it over, they invited Walter Reuther, a white man; they invited a priest, a rabbi, and an old white preacher. Yes, an old white preacher. The same white element that put Kennedy in power—labor, the Catholics, the Jews, and liberal Protestants; the same clique that put Kennedy in power, joined the march on Washington.

It’s just like when you’ve got some coffee that’s too black, which means it’s too strong. What you do? You integrate it with cream; you make it weak. If you pour too much cream in, you won’t even know you ever had coffee. It used to be hot, it becomes cool. It used to be strong, it becomes weak. It used to wake you up, now it’ll put you to sleep. This is what they did with the march on Washington. They joined it. They didn’t integrate it; they infiltrated it. They joined it, became a part of it, took it over. And as they took it over, it lost its militancy. They ceased to be angry. They ceased to be hot. They ceased to be uncompromising. Why, it even ceased to be a march.

It became a picnic, a circus. Nothing but a circus, with clowns and all. You had one right here in Detroit—I saw it on television—with clowns leading it, white clowns and black clowns. I know you don’t like what I’m saying, but I’m going to tell you anyway. ’Cause I can prove what I’m saying. If you think I’m telling you wrong, you bring me Martin Luther King and A. Philip Randolph and James Farmer and those other three, and see if they’ll deny it over a microphone. No, it was a sellout. It was a takeover. When James
Baldwin came in from Paris, they wouldn’t let him talk, ’cause they couldn’t make him go by the script. Burt Lancaster read the speech that Baldwin was supposed to make; they wouldn’t let Baldwin get up there, ’cause they know Baldwin’s liable to say anything. They controlled it so tight—they told those Negroes what time to hit town, how to come, where to stop, what signs to carry, what song to sing, what speech they could make, and what speech they couldn’t make; and then told them to get out town by sundown. And everyone of those Toms was out of town by sundown.

Now I know you don’t like my saying this. But I can back it up. It was a circus, a performance that beat anything Hollywood could ever do, the performance of the year. Reuther and those other three devils should get a Academy Award for the best actors ’cause they acted like they really loved Negroes and fooled a whole lot of Collected Speeches, Debates & Interviews (1960-1965) 115 Negroes. And the six Negro leaders should get an award too, for the best supporting cast! « 

Malcolm X – El-Hajj Malik El-Shabazz , October 10, 1963


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